Le président élu, Alassane Ouattara, fait un geste d'ouverture envers son rival, Laurent Gbagbo, dans la perspective de faire sortir la Côte d'Ivoire d'une crise politique aiguë. Ouattara est prêt à travailler avec le camp de Laurent Gbagbo pour former un gouvernement d'union nationale si ce dernier renonce à revendiquer la présidence, selon son ambassadeur nommé auprès de l'ONU. «M. Ouattara doit être reconnu comme président légitime par M. Gbagbo, précisant que Gbagbo n'est pas seul. Il a des partisans, il a des gens compétents dans son parti. Nous sommes prêts à travailler avec eux, dans le cadre d'un large gouvernement d'union.» La reconnaissance de la victoire aux élections de Ouattara par son rival peut être «le point de départ des négociations» entre les deux parties, a ajouté le diplomate ivoirien. Le geste d'Ouattara intervient au moment où le pays est toujours dans l'impasse marquée par les échecs successifs des missions africaines pour trouver une issue à cette crise. Le dernier en date, le rapprochement tenté en vain par l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo qui a quitté lundi la Côte d'Ivoire. L'ex-dirigeant du Nigeria, attaché au «respect des résultats tels que proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI)», aurait expliqué à Laurent Gbagbo «le caractère inéluctable de l'alternance» au pouvoir en Côte d'Ivoire et lui a fait part de «la détermination de l'Afrique à atteindre cet objectif». Le camp de Gbagbo a minimisé la portée de la mission d'Obasanjo qui est «venu en ami et qui n'avait aucune solution». Les positions des uns et des autres ne font qu'accentuer les tensions de cette crise dont l'issue est incertaine. Ainsi, le président sortant Gbagbo est sous la menace d'une opération militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) s'il ne cède pas le pouvoir à Ouattara. Mais les partisans de Gbagbo ne l'entendent pas de cette oreille et ils l'ont exprimé le week-end dernier à Abidjan, la capitale, dans une manifestation contre une éventuelle intervention militaire ouest-africaine en Côte d'Ivoire. Emile Kima, figure de la communauté burkinabé dans le pays et de la mouvance pro-Gbagbo, en tête, ils ont dénoncé une opération qui, selon eux, «mettrait en péril la vie» de millions de ressortissants de la région qui y vivent . Face à cette impasse, toute proposition mérite attention et s'appuyant sur la loi électorale, la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) a appelé jeudi à «la reprise de l'élection présidentielle» si les négociations entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara échouaient. Elle réclame également la fin immédiate de la confiscation «des médias publics à des fins de propagande» et de la «diffusion de messages de haine et de violence».