Tous les experts et les spécialistes du marché libéral sont d'accord sur un point :«l'Etat a failli dans la prévoyance des tensions et des crises». En réalité, les dernières mesures visant à stabiliser les prix des produits de base ne sont qu'une correction des multiples erreurs d'appréciation du gouvernement. Des mesures provisoires, pour quelques mois, qui exigent de la part des autorités une refonte des démarches et une application stricte des lois régulant le marché. Car, en fait, l'Etat avait tous les instruments pour intervenir à temps sur les plans règlementaires, législatifs et économiques. Sinon, comment expliquer que l'une des armes les plus efficaces de lutte contre toute forme de monople ait été abandonnée par les autorités d'une manière inexplicable ? Cette arme de régulation du marché, du contrôle et d'intervention c'est ce fameux Conseil national de la concurrence, prévu pourtant dans un dispositif de loi votée il y a plusieurs années par l'APN et parue au Journal officiel. La loi sur la concurrence, un dispositif indispensable dans tout système de marché libéral, est venue corriger des dysfonctionnements du marché des produits de base de large consommation, en mettant en avant la lutte contre les formes monopolistiques du marché. Un article de cette loi 08/12 de l'année 2008 stipule clairement l'interdiction absolue des situations de monopole et ou de domination dans l'économie nationale, un article dont la philosophie est la protection des pouvoirs d'achat des populations et l'anticipation contre toute forme de chantage de la part d'un opérateur dominant. Or, dans le cas de l'huile de table, l'un des industriels accapare plus de 65% du marché, selon ses propres dires, alors que la loi ne permet qu'un seuil de 45%. Depuis des mois, certaines voix avaient alerté le gouvernement sur les dangers de cette situation, l'invitant à intervenir dans ce secteur pour tenter de réguler les segments du marché, soit par l'importation et la transformation, soit par des mesures incitatives, fiscales et parafiscales, à d'autres nouveaux opérateurs et investisseurs. Rien n'y fit, le département du commerce est resté sourd aux tsunamis du marché. Pire encore, l'Etat est entièrement responsable de la situation qu'il a créée, en oubliant ou en omettant de réaliser l'un des dispositifs de cette fameuse loi sur la concurrence, en mettant entre parenthèses la création d'un Conseil de la concurrence. Ce dernier devrait, selon la loi, définir entre autres le plafonnement des prix des produits et des services de large consommation, comme il est chargé de prendre toutes les dispositions nécessaires pour lutter contre la hausse vertigineuse des prix de produits de première nécessité. Selon la loi, ce conseil a les prérogatives pour intervenir à n'importe quel moment et dans n'importe quelle région du pays pour corriger des situations de crise ou de pénurie, en raison des catastrophes ou des défaillances dans les chaînes de stockage et de circuits de distribution. Pourquoi l'Etat ne réagit pas rapidement en revenant sur ses propres textes et ses propres lois, en installant en toute urgenge ce conseil et lui donner carte blanche pour juguler les formes monopolistiques et en intervenant dans les délais dans un marché vaste mais très fluctuant ?