Les 8 harraga algériens arrêtés lundi à Palma dès leur arrivée sur cette île des Baléares à bord d'une patera étaient toujours détenus hier au commissariat de police de la localité de Manacor, d'où ils ont été présentés devant le juge de permanence de cette localité. 20 heures de traversée depuis Dellys Des «sources» proches des enquêteurs, une fois leur déposition enregistrée sur leur identité, le pays de provenance et les conditions de leur tentative d'immigration en Espagne, une simple formalité, le magistrat devrait ordonner leur transfert vers le centre d'internement administratif des «sans-papiers» dans l'une des villes de la péninsule. Ce serait vraisemblablement d'Alicante, où existe un consulat algérien, ou de Barcelone, qui abritera prochainement le premier consulat général algérien en Espagne, que seront engagées les formalités d'usage en vue de leur rapatriement vers leur pays d'origine. Selon les renseignements fournis par les enquêteurs, les huit candidats à l'immigration clandestine en Espagne ont réalisé une véritable expédition des plus dangereuses en effectuant une longue traversée de 240 km, distance qui sépare le port de Dellys, point de départ, de l'île de Palma. Ils ont navigué pendant une vingtaine d'heures à bord d'une petite barque de 4 à 6 mètres équipée d'un moteur de 26 CV et roulant à une vitesse moyenne de 6 nœuds. Comme instruments de bord, ils avaient un GPS qui leur a permis d'arriver à bon port. Ou presque. Radars et mouchards La presse des Baléares a indiqué que les habitants de la localité proche de la crique où ils ont débarqué les avaient dénoncés à la police. Au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à cette occasion hier, le délégué du gouvernement des Baléares, Ramón Socias, a surtout mis l'accent sur «l'efficacité du système de radars mis en place» dans l'île de Majorque. Il n'a pas exclu «de nouvelles arrivées de pateras» en raison du beau temps qui sévit en Méditerranée. Les autorités gouvernementales n'entendent pas baisser la garde dans leur lutte contre l'immigration clandestine, malgré la baisse de la pression migratoire constatée en 2010, tant le long des côtes méditerranéennes que de la côte ouest africaine. Il ressort du bilan pour l'année 2010 en la matière, présenté mardi par le premier vice-président du gouvernement et ministre de l'Intérieur, Alfredo Rubalcaba, que seulement 3632 candidats à l'immigration clandestine sont parvenus à joindre les côtes espagnoles à bord d'embarcations de fortune tout au long de l'année dernière, avant d'être arrêtés par les gardes-côtes. «2010 a été la meilleure année de la décennie qui vient de s'achever», a constaté M. Rubalcaba, qui a estimé à 50% la baisse des flux migratoires illégaux par rapport à l'année 2009. L'Algérie saluée pour sa collaboration Le ministre espagnol de l'Intérieur a attribué ce «succès» au renforcement de la vigilance côtière en Méditerranée et le long de la côte ouest africaine, grâce et à la collaboration des pays d'origine des immigrés clandestins, en citant en particulier la collaboration de l'Algérie et du Maroc qui a permis de réduire la pression migratoire de 32% dans les Baléares. C'est en effet grâce à l'alerte donnée par la Marine nationale algérienne qu'un chalutier avec une douzaine de harraga à bord avait pu être secouru d'un naufrage certain dans les eaux territoriales des Baléares, en 2010, par les gardes-côtes de la gendarmerie espagnole.