Les 21 Algériens qui tentaient de joindre la côte d'Almeria à bord de deux embarcations de fortune, la semaine dernière, ont été transférés lundi au Centre d'internement administratif des étrangers (CIE) de Valence d'où ils ont été présentés devant la justice en vue de leur expulsion vers leur pays d'origine. Comme d'usage, la brigade de police espagnole chargée des expulsions a pris contact, préalablement, avec les autorités consulaires algériennes du lieu de débarquement (Alicante) pour les formalités d'identification de ces nouveaux infortunés candidats à l'immigration clandestine. Généralement, entre le jour d'arrivée et celui du retour au pays d'origine, il ne se passe guère plus d'une semaine, toutes les formalités administratives accomplies. Le seul problème qui retarde, généralement, de quelques jours seulement l'échéance d'expulsion, en été, c'est le nombre de places dans les bateaux en direction d'Alger ou d'Oran qui affichent complet en cette période estivale des grands retours de vacances au pays des membres de la communauté algérienne légalement établie en Europe. Auparavant, l'obstacle majeur c'était plutôt les longues procédures d'expulsion qui pouvaient prendre des mois en raison d'un vide juridique en la matière et des astuces des avocats des sans papiers frappés d'une mesure d'expulsion par un magistrat, qui font traîner en longueur le traitement administratif des dossiers. De lourdes peines pour les propriétaires de pateras Si tous les passagers clandestins sont expulsés sur-le-champ, selon les dispositions du code pénal espagnol amendé, voilà deux ans, pour durcir la lutte contre l'immigration clandestine, ce n'est pas le cas de ceux que les autorités espagnoles désignent par «maffias spécialisées dans le trafic des personnes». Le nommé L. M., âgé de 36 ans, originaire de l'ouest du pays, a été accusé hier par le juge en charge de l'affaire des 21 harraga d'être le propriétaire de l'une des deux pateras interceptées par les gardes-côtes espagnoles, et l'organisateur de la traversée. Il risque une lourde peine de prison en vertu des nouvelles dispositions pénales en matière de lutte contre le trafic d'immigration illégale vers le territoire de l'Union européenne. Les peines peuvent aller de deux à quatre ans de prison. Trois autres Algériens avaient été poursuivis, quelques jours auparavant, pour ce même délit, après avoir fait l'objet d'une «dénonciation volontaire» par l'un des passagers. 2000 euros pour un aller simple En réalité, la police espagnole parvient à recruter au sein de chaque patera interceptée un «informateur» pour identifier les organisateurs des traversées qui encaissent, en cette période de forte demande d'immigration vers l'Espagne favorisée par le retour du beau temps en Méditerranée, jusqu'à 2000 euros (en aller simple bien sûr) par passager. «15 fois le tarif aller-retour en cabine pratiqué par Algérie Ferry sur la ligne Oran-Alicante», plaisantent les harraga qui ont pu tromper la vigilance des gardes-côtes des deux rives de la Méditerranée. Ils sont rares, mais ils existent et l'histoire qu'ils ont vécue en haute mer, ils ne sont pas prêts de la revivre. Ces derniers jours, devant les arrivées de plus en plus fréquentes des pateras dans les régions d'Almeria et d'Alicante, ils sont nombreux les fonctionnaires qui au sein de l'administration locale se sont interrogés sur l'efficacité du Système intégral de surveillance côtière (Sive) mis en place ces dernières années le long de la côte andalouse pour détecter les mouvements des embarcations de fortune utilisées par les candidats à l'immigration clandestine à partir de la côte maghrébine. La déléguée adjointe du gouvernement de Valence, Mme Encarna Llinares, a qualifié de «sans fondements» ces réserves techniques émanant des adversaires du Sive qui seraient, selon ses dires, de farouches opposants au durcissement de la politique de répression de l'immigration clandestine mise en œuvre, non pas seulement par l'Espagne mais par tous les pays qui, comme l'Italie aussi, sont devenus depuis la création de l'espace Schengen l'une des frontières de l'Union européenne.