La gendarmerie espagnole a arrêté, lundi, 8 harraga, «vraisemblablement des Algériens», quelques heures seulement après qu'ils aient accosté à Palma à bord d'une patera. Dénoncés par des habitants, six d'entre eux avaient été arrêtés en milieu de journée, quelques heures seulement après avoir débarqué dans la localité de Ses Salines, pendant qu'ils déambulaient en ville à la recherche d'un lieu de transit sûr, alors que les deux autres le seront un peu plus tard. La présence de ces huit infortunés qui croyaient avoir réalisé enfin leur rêve d'être de l'autre côté aurait été signalée par les habitants des environs. A Palma, c'est connu, la population collabore activement et bénévolement avec la police et les gardes-côtes qu'elle alerte à la moindre apparition d'une patera ou la présence d'étrangers en ville, tout aussi suspects. Pour leur malheur, les 12 jeunes Algériens, fraîchement débarqués en juillet 2008, bien que costumés, histoire de tromper l'ennemi, avaient été repérés à cause d'un détail qui manquait dans leur rigoureux plan mis au point à Dellys. Des bas de pantalons mouillés et du sable dans les semelles ça ne passe pas inaperçu à Palma. Présentés devant le juge pour expulsion Les huit nouveaux huit candidats à l'émigration clandestine ont été à leur tour remis immédiatement à la police nationale et devront être présentés devant un juge pour les formalités d'usage en vue de leur expulsion du territoire espagnol. Les enquêteurs ont déclaré à la presse que c'est la première patera à avoir été interceptée depuis le début de l'année 2011 à Palma. En 2010, les 14 occupants, tous des Algériens qui avaient réussi l'exploit de faire à bord d'un petit chalutier les 240 km qui séparent Dellys des îles Baléares et rejoindre la localité de Cala Pi, avaient été réadmis en Algérie. A Palma, les autorités policières sont catégoriques : «Toutes les pateras interceptées depuis 2007, avec l'inauguration de la ‘‘route du centre'', sont parties de Dellys.» Crainte d'avalanches à Murcie, Almeria et Alicante Pendant ce temps, les flux migratoires ont repris à travers «la route de l'ouest». Le quotidien ABC signalait, hier, sans plus de détails, l'arrivée d'une demi-douzaine de nouvelles pateras dans la région de Murcie, Valence, Almeria et les Canaries. Ce journal croit savoir que l'Agence européenne de contrôle des frontières (Frontex) n'écarte pas la possibilité d'une avalanche d'embarcations de fortune, identiques à celle de juillet 2010, dans cette zone, destination privilégiée des harraga de l'ouest algérien. La surveillance côtière a été renforcée, y compris à Alicante, «même si aucun mouvement suspect de candidats à l'immigration clandestine n'a été détecté encore» par le système de surveillance côtière (Sive) mis en place dans cette région qui est encore plus lointaine des côtes algériennes qu'Almeria et Murcie. A cause des tensions sociales au Maghreb Les gardes-côtes du Frontex sont formels : «Les conflits au Maghreb, ajoutés à l'amélioration des conditions climatiques en Méditerranée vont favoriser dans les jours, voire les heures à venir, les pressions migratoires vers l'Espagne.» Ces mêmes sources font observer que «ce n'est pas la première fois qu'une embarcation de fortune est interceptée dans la région de Murcie comme conséquences de la situation qui prévaut dans les pays du Maghreb». Il y a une semaine, les responsables du Frontex avaient averti que la tension sociale en Algérie pourrait augmenter les risques des flux migratoires en provenance de l'ouest algérien. Selon les statistiques officielles, la pression migratoire algérienne sur Palma avait atteint une moyenne de cinq embarcations par an entre 2007 et 2008. Environ 185 immigrés clandestins algériens ont été arrêtés dans cette île depuis 2006 avant d'être tous expulsés sans trop de délais d'internement administratif. L'année 2008 a connu un tournant dans la lutte contre l'émigration clandestine à destination de l'Espagne depuis l'installation du Sive. Les autorités espagnoles attribuent la baisse relative de la pression migratoire à partir de l'ouest ornais à la collaboration de l'Algérie dans le contrôle des nouvelles routes empruntées par l'émigration clandestine et aux alertes données au 112 (téléphone d'urgence) par les chalutiers qui mouillent dans cette partie de la Méditerranée ou par les navires marchands de passage.