La gendarmerie espagnole a procédé vendredi à l´arrestation de 14 harraga algériens, parmi lesquels un mineur, qui tentaient d´accoster clandestinement à Llucmajor, une localité située dans l´archipel des Baléares, à bord d´une patera d´à peine 5 mètres de long (embarcation de fortune) dotée d´un moteur de 30 cv, pour une traversée de plus de 240 km. Partis de Dellys La barque, qui était partie quelques jours plus tôt de Dellys, avait été aperçue vendredi à l´approche d´une crique, par une habitante de la localité de Cala Pi (Llucmajor) qui l´avait aussitôt signalée aux services des gardes-côtes espagnols. Selon les autorités locales des Baléares, cette embarcation se serait séparée accidentellement d´un convoi composé de huit autres pateras, avec à bord une soixantaine de personnes, dont deux femmes, qui seraient sorties du port de Dellys, avant d´être interceptées, jeudi, le long de la côte de Almeria, Murcie et Grenade. La délégation du gouvernement de Palma a indiqué, hier, dans un communiqué, qu´à l´exception du mineur qui a été placé dans un centre d´accueil des services sociaux de la ville, tous les membres de ce groupe devaient être transférés immédiatement vers le centre de détention administratif de Barcelone d´où ils devront être «expulsés vers leur pays d´origine». Une fois leur identité algérienne établie par le consulat d´Algérie, le juge ordonnera leur rapatriement immédiat vers l´Algérie. Les organisateurs de la traversée et le patron de l´embarcation risquent quant à eux, s´ils étaient dénoncés par les passagers, d´être placés sous mandat de dépôt par le juge en charge du dossier et condamnés à de lourdes peines de prison - de 6 mois à 2 ans - pour «trafic des personnes» et «atteinte aux droits des étrangers». C´est la première arrivée d´une patera à Palma depuis le 28 octobre dernier, lorsqu´un chalutier algérien avait été intercepté au large des Baléares par la gendarmerie espagnole qui avait été alertée quelques heures plus tôt par les gardes-côtes de la Marine algérienne. Expulsion sur le champ La police espagnole a enregistré ces derniers temps une baisse sensible de la pression migratoire algérienne sur Palma qui avait atteint une moyenne de cinq embarcations par an entre 2007 et 2008. Environ 185 immigrés clandestins algériens ont été arrêtés dans cette île depuis 2006 avant d´être tous expulsés sur le champ. L´année 2008 a connu un tournant dans la lutte contre les harraga à destination de l´Espagne depuis l´installation du SIVE (Système intégral de surveillance côtière) le long de la côte andalouse, à la suite de l´ouverture, deux ans plus tôt, par les maffias de l´immigration clandestine, de deux nouvelles routes à partir des côtes algériennes : l´Oranie et Dellys. Le SIVE en place depuis quelques années le long de la côte ouest africaine et dans le Détroit de Gibraltar avait conduit les maffias à ouvrir des routes plus à l´est en Méditerranée. Malgré ces résultats, l´efficacité de ce système qui se compose d´une série de radars capables de visionner depuis plusieurs postes installés sur la côte andalouse les mouvements suspects des petites embarcations, parfois jusqu´à 40 miles (70 km environ) au large de Cabo de Gata avait été mis en doute par l´administration de Almeria. Collaboration algéro-espagnole Le secrétaire d´Etat à la sécurité, Antonio Alonso, a pour sa part expliqué la baisse de la pression migratoire sur l´Espagne par le SIVE qui «a fait ses preuves» aux Canaries, dans le Détroit de Gibraltar et dans la zone de Ameria-Murcia, mais aussi grâce à la collaboration de l´Algérie dans le contrôle des nouvelles routes empruntées par l´immigration clandestine. Selon Antonio Alonso, la pression migratoire a baissé de moitié en 2010. Au début de l´été dernier, avec le retour du beau temps en Méditerranée, une dizaine de pateras en provenance de la région d´Oran, d´une capacité moyenne de 12 personnes, avaient été interceptées chaque semaine par les gardes-côtes espagnols, grâce au SIVE, mais aussi aux alertes données au 112 (tel. d´urgence) par les chalutiers qui mouillent dans cette partie de la Méditerranée et les navires marchands qui s´y trouvent de passage.