Le RCD est aujourd'hui confronté au défi de tenir une marche à Alger, alors que l'interdiction par les autorités de toute manifestation est instaurée depuis juin 2001. L'initiative du RCD s'est opposée d'ailleurs au niet du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales dès les premiers instants qui ont suivis son annonce. Après ce premier refus exprimé par le département de Daho Ould Kablia, c'est au tour de la wilaya d'Alger de rendre public, jeudi, un communiqué dans lequel il est rappelé que «les marches à Alger ne sont pas autorisées» et qu'en ce sens, l'initiative du RCD n'a pas obtenu le quitus des «services d'administration compétents». Sauf que le parti de Saïd Sadi ne semble nullement tenir compte de cette interdiction, pourtant prescrite dans un texte de loi remontant au mois de juin de l'année 2001, soit au lendemain de la fameuse «marche noire» que le mouvement des arouchs avait organisée dans la capitale. Beaucoup gardent en mémoire que la dernière marche à Alger, organisée en date du 14 juin 2001, a engendré des conséquences dramatiques, notamment la mort de deux individus et des dizaines de blessés. Sans oublier les dégâts matériels qui étaient également nombreux. Qu'il y ait réédition de ce scénario à l'occasion de la marche, que le RCD compte organiser ce matin à partir de 11h, ceci constitue une probabilité à ne pas exclure pour laquelle les pouvoirs publics, à commencer par la wilaya d'Alger, accordent énormément d'attention. En effet, dans son communiqué, la wilaya d'Alger sollicite les citoyens à faire preuve «de sagesse et de vigilance» et «ne pas répondre à d'éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, leur quiétude et à leur sérénité». Rien que le fait de s'en tenir à ces propos, l'on se rend vite à l'évidence que les prémices de dérapages pouvant découler de la marche d'aujourd'hui sont fortement ressenties et sérieusement redoutées. Les prémices de dérapages sont déjà là Faut-il juste rappeler que le RCD a ouvertement accusé un des membres du Rassemblement national démocratique (RND), Salah Djenouhat, qui est également membre du secrétariat national de la Centrale syndicale, d'avoir «récupéré des délinquants pour les inciter à provoquer la marche d'aujourd'hui dont l'itinéraire choisi n'est autre que celui menant de la place du 1er Mai au siège de l'APN, en passant par la rue Hassiba Ben Bouali». Les accusations de Saïd Sadi à l'encontre du militant du RND ont été vite démenties par l'UGTA qui, dans un communiqué rendu public jeudi, s'est déclarée extrêmement surprise d'être accusée de sabotage de la marche prévue pour aujourd'hui. L'UGTA considère que «les accusations du président du RCD sont dénuées de tout fondement et extrêmement graves et accuse à son tour le parti de Saïd Sadi de manque d'éthique et d'inconscience». D'autre part, la rue algéroise n'écarte pas elle aussi cette possibilité de voir la marche d'aujourd'hui s'écarter de la notion d'une manifestation pacifique, c'est-à-dire sans heurts ni confrontation. Beaucoup sont, en effet, «les citoyens d'Alger qui nous font part de leur appréhension quant à voir l'itinéraire de cette marche se transformer en un théâtre d'affrontements». Ce qui est certain, en revanche, c'est le fait qu'un dispositif des plus draconiens des services de sécurité sera mis en place dès les premières heures de la matinée d'aujourd'hui au niveau de la capitale dans l'objectif de parer à toute éventualité de débordement de la situation. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui maintient vaille que vaille sa marche pour aujourd'hui revendique à travers celle-ci «une ouverture plus démocratique après le mouvement d'émeutes contre la cherté de la vie qui ont secoué, début janvier, plusieurs régions du pays». Le même parti exige également «la libération de toutes les personnes qui ont été arrêtées durant les dernières émeutes». Dans une déclaration faite jeudi, le président du RCD a plaidé en faveur d'«un changement du système politique plus transparent». «Ce dont nous avons besoin, c'est d'un changement du système politique. Nous avons besoin de transparence, d'un Etat de droit et de démocratie», a-t-il déclaré. Et d'ajouter que «si l'opposition ne mobilise pas les foules, nous pensons que nous assisterons à des événements plus dévastateurs qu'en Tunisie». Le leader du RCD réitère également «la levée de l'état d'urgence, instauré depuis 1992 dans le pays».