Pour maintenir l'interdiction de marcher à Alger, les autorités mobilisent tous les moyens humains nécessaires. L'appareil répressif a été, encore une fois, mis en branle pour empêcher toute activité susceptible de braver l'interdit et de perturber la campagne électorale pour la présidentielle, qui prendra fin aujourd'hui. Les militants du RCD, qui ont tenté de marcher à Alger-Centre pour appeler au boycott du scrutin de jeudi prochain, l'ont vérifié à leurs dépens. Comme ce fut le cas, la veille, au niveau du siège national du parti à El Biar, ils ont été également empêchés de quitter, hier encore, le siège régional, situé à la rue Didouche Mourad, au cœur d'Alger. Alors que l'action était prévue à 14h, des dizaines de policiers, tous en civil, ont été dépêchés sur les lieux dès le début de la matinée. A 13h30, il y avait déjà foule. Postés devant le siège du parti, les agents de police attendaient patiemment la sortie des militants du RCD. Curieusement, ils n'ont pas bougé pour interdire à quelques responsables du parti de Saïd Sadi de distribuer leur appel au boycott aux citoyens qui étaient de passage devant le siège. L'instruction qui leur a été donnée est, semble-t-il, de les empêcher uniquement de marcher. Les services de l'ordre n'ont pas bougé non plus pour les empêcher de huer les partisans du président candidat, de passage dans la rue. Les partisans de Bouteflika chahutés En effet, cette caravane a été accueillie par des slogans en tous genres : « Djazaïr horra démocratia (l'Algérie est libre et démocratique) » et « Makench lvot makench (il n'y aura pas de vote) ». Les militants du RCD ont même distribué des tracts aux partisans de Bouteflika. Vers 14h30, le président du RCD et ses sympathisants, étendards et brassards noirs à la main, tentent de franchir le seuil de leur siège pour entamer leur action. Et les policiers à la parade ! Ils ont formé un véritable bouclier humain devant l'entrée principale de l'immeuble et ont repoussé violemment les militants du RCD. « Reculez ! Reculez ! », lançaient-ils à l'adresse des manifestants qui ont tenté de forcer le mur humain dressé devant le portail de leur siège. Ces derniers scandaient, en réponse, des slogans hostiles au pouvoir. Constatant l'impossibilité de tenir son action, Saïd Sadi est remonté au premier étage du siège et fait son apparition sur le balcon s'adressant à l'assistance et surtout aux policiers. « Vous n'avez pas honte ! Vous tabassez vos frères. Vous ne nous faites pas peur », lance-t-il. Pour Saïd Sadi, cette réaction est un signe « de panique et d'affolement du pouvoir ». « Des centaines de militaires, de gendarmes et de policiers mobilisés pour empêcher un parti de communiquer avec les citoyens... Voilà dans quoi part le budget de l'Etat pendant que des enseignants doivent recourir à la grève pour disposer de mensualités dignes », s'indigne-t-il. Sa tentative de marcher à Alger étant avortée, le RCD promet de revenir également à la charge aujourd'hui en organisant une marche au quartier populaire de Bab El Oued.