Les Tunisiennes et les Tunisiens, longtemps privés de livres ayant trait à la loi, à la politique, à la religion, aux libertés et même scolaires, du temps de Ben Ali, édités à l'étranger et interdits en Tunisie, affluent vers la librairie El Kitab, à l'avenue Habib Bourguiba, à Tunis, qui expose des spécimens de certains de ces titres apportés par des citoyennes et des citoyens. La librairie El Kitab, sise à l'avenue Habib Bourguiba, à Tunis, a connu, jeudi, une grande affluence de la part de Tunisiennes et de Tunisiens. Ils étaient venus pour acheter des livres qui, avant le départ de Zine El Abidine Ben Ali, étaient interdits en Tunisie. «La librairie est, actuellement, alimentée par des citoyens. Quelqu'un a un livre interdit, le présente à la librairie, et ainsi de suite, des gens sont venus nous apporter des livres interdits et nous les exposons, pour le moment, comme spécimens», nous dira Selma Djabber, directrice de la librairie, rencontrée jeudi sur les lieux. «Les Tunisiens participent, faisant preuve de courage. Ces livres interdits, ils les avaient cachés avant de nous les apporter. Il y a une affluence», ajoute-t-elle. «Nous avons passé des commandes pour importer des livres interdits en Tunisie du temps de Zine El Abidine Ben Ali, édités à l'étranger», lance la directrice de la librairie. «C'est une sorte de provocation dont le but est de nous permettre d'importer ces livres», explique-t-elle. Les livres interdits, ajoute-t-elle, sont d'ordre juridique, politique, religieux, de liberté et même scolaires, qui racontaient l'ancien système. «Ils ne sont pas encore autorisés à l'importation et nous espérons que le ministère de l'Intérieur ne réitérera pas cette interdiction», ajoute-t-elle. «On espère qu'il n'y aura plus de lois interdisant l'importation de ces livres», lance-t-elle. «Le livre le plus demandé a pour titre Le régime de Carthage, qui parle de la femme du président, de sa famille et des exactions qu'ils ont faites», selon la directrice de la librairie El Kitab. «Tous ces gens doivent être jugés», ajoute-t-elle. Les livres exposés attirent un grand nombre de personnes, avides de lecture et de liberté dont ils ont été privés pendant longtemps, explique-t-elle. Nous avons constaté, de visu, cette affluence et cette quête du savoir et de démocratie, de la part de Tunisiennes et des Tunisiens de tout âge. Une nouvelle ère se présente, se félicitent de nombreuses personnes.