Rencontrés à Dely Ibrahim où ils exercent dans des magasins particuliers, la plupart des Egyptiens ont exprimé leur solidarité avec leurs frères et souscrit à la démarche visant la déstabilisation du régime en place. Selon le jeune Hoceime, «les politiciens égyptiens sont à l'origine de la pauvreté qui perdure, dans laquelle vit une grande majorité des Egyptiens, et de la paupérisation qui frappe la plupart des régions du pays depuis 30 ans». Sur un ton grave et en souvenir des récents désaccords entre nos deux peuples pour une question de sport, Ahmed est sensible à «la sympathie que lui ont témoignée les Algériens». A ce sujet, il rappelle que «les deux peuples sont frères et que si les rapports se sont détériorés, c'est tout simplement parce que les politiciens ont utilisé le sport pour faire oublier aux Egyptiens leur misère. Cela fait 30 ans que le pouvoir manipule le peuple. Le cœur des Egyptiens ne pouvait supporter davantage le mépris d'un président qui fait fi de tous les principes arabo-arabes». Sur ce volet, vocifère Ahmed, «le peuple égyptien n'a jamais été d'accord avec la politique extérieure du gouvernement Moubarak, notamment sur la question palestinienne», ajoutant que «le peuple n'a jamais été d'accord avec la construction du mur et l'obstruction des aides humanitaires en partance vers nos frères de Ghaza». Prenant la parole, un autre Egyptien lance : «Moubarak et tous ses ministres étaient censés servir les intérêts du peuple, mais ils n'ont servi que leurs desseins qui ont conduit les peuples arabes à détester l'Egypte. C'est une des raisons qui alimente la colère des Egyptiens qui veulent un changement radical.» Sur la question politique, relance Hoceime, «le limogeage des ministres par Hosni Moubarak n'est qu'une parade et une manœuvre visant à se maintenir au pouvoir, mais le peuple s'en est aperçu et réclame aujourd'hui son départ en premier lieu. Tous les Egyptiens ont besoin de vivre dans la dignité et le pouvoir en place a tout fait pour les avilir», martèle un vieil égyptien, menuisier, qui n'hésite pas à fustiger les dirigeants égyptiens, à leur tête le Président qui «n'a pas hésité à soutenir le sionisme et se ranger aux côtés de ceux qui tuent nos frères palestiniens». Il affirme que «le peuple égyptien, à qui le régime a ôté le droit de vivre, est résolu à changer la donne». Son espoir, c'est que l'Egypte redevienne un pays qui s'allierait aux nobles causes que défendent tous les Arabes et non pas être au service des ennemis des Arabes comme l'a choisi Moubarak. Tous les Egyptiens que nous avons rencontrés s'estiment «chez eux en Algérie», mais oublient d'exprimer leur solidarité avec leurs pairs comme le font tous les Egyptiens à travers le monde.