L'ambiance au sein du Mouloudia d'Oran n'est pas au beau fixe, estiment plusieurs membres de l'équipe hamraouie. Plusieurs petits problèmes sont venus empoisonner la vie dans cette équipe qui risque de connaître le pire au cours de la phase retour. Les résultats probants réalisés par la bande à Cherif El Ouazzani n'ont pas réussi à faire taire les critiques de l'opposition, à tempérer la colère de certains joueurs qui réclament leur dû et à rassurer l'entraîneur qui se sent lâché et surtout trahi par ses dirigeants qui ont réduit sa marge de manœuvre sur le plan technique. La goutte qui fait déborder le vase est l'absence du président Mehiaoui à la rencontre organisée au siège de la mairie d'Oran. Ce dernier, invité par les sages du club et les anciens joueurs lors de cette réception organisée en l'honneur du nouveau maire, n'avait pas daigné se déplacer, s'attirant ainsi la colère de ceux qu'on appelle à Oran «s'hab lahsira», entendez les sages du club. Ses explications pour justifier cette défection et ses sorties médiatiques pour annoncer qu'il voue un grand respect aux anciens joueurs et dirigeants n'ont pas réussi à calmer les esprits, bien au contraire. Aujourd'hui certains menacent même de recourir à une assemblée générale extraordinaire pour le destituer de son poste de président du MCO. Dans une déclaration à un confrère, Khaled Belarbi, un membre influent de l'opposition avait tiré à boulets rouges sur le sénateur de la ville d'Oran qui n'a rien fait pour préserver l'unité de la famille hamraouie. «Même l'ouverture du capital social de la SSPA-MCO est une manœuvre floue qui ne vise en réalité qu'à asseoir son hégémonie sur le club. Il n'a rien fait pour le Mouloudia depuis son arrivée. Aucun sponsor n'est venu renflouer les caisses du club et il a réussi à éloigner les investisseurs de la ville. Je me demande bien comment il va faire pour vendre ces actions alors qu'une évaluation exhaustive du patrimoine du club n'a pas été réalisée», avait-il affirmé. «S'hab lahsira», ces faiseurs de présidents, qui comptaient sur la réunion au siège de la mairie pour tenter de réunir la famille mouloudéenne, ont été surpris par l'absence du premier responsable du club à cette rencontre. «C'est un manque évident de respect à notre égard», dira hadj Beddiar, ancien dirigeant et ancien joueur. Les présents à cette rencontre se sont laissé aller à des confidences sur l'intronisation de Mehiaoui à la tête du MCO. Ces derniers ont affirmé que, sans leur caution, il n'aurait jamais pu accéder à ce poste. «Nous avons contacté ses opposants, mobilisé ses soutiens et discuté avec les fans du club pour les pousser à accepter son élection. Nous avons réussi même à éloigner les autres prétendants, et aujourd'hui nous constatons que nous avons fait le mauvais choix en lui fournissant notre caution morale», affirme un ancien dirigeant. D'ailleurs ces derniers ont entamé des contacts pour tenter de réunir le quorum requis pour la tenue d'une assemblée générale extraordinaire. «Nous allons l'inviter à prendre part à cette réunion pour s'expliquer sur sa façon de gérer le club et sur sa volonté de faire le vide autour du Mouloudia», dira Hadj Beddiar. Après Mehiaoui, les autres dirigeants désavoués Lors du match face à l'Ittihad de Maghnia, les quelques présents au stade Zabana ont été surpris par la colère des fans qui n'avaient pas hésité à conspuer les dirigeants qui avaient fait le déplacement au stade. Les proches de Mehiaoui, Benmimoun, Belabbès et Abdelilah, pourtant enfants du club, ont eu pour le compte, au point où la fuite du stade était devenue leur unique salut. Très remontés contre eux, les fans du club leur ont fait entendre des vertes et des pas mûres, au moment où l'équipe donnait la réplique à son homologue de Maghnia. «Cette situation n'est que le résultat de la gestion de Mehiaoui. C'est lui qui a choisi ce groupe de supporters, devenus des actionnaires minoritaires grâce à un jeu d'écriture et à une gymnastique lors de l'élaboration des statuts de la SSPA, et aujourd'hui ils ne font que récolter les fruits de la tempête qu'ils ont semée», dira un opposant. Abdelilah, qui s'était déplacé au siège de sûreté de wilaya pour déposer une plainte contre X, y voit une manipulation fomentée par l'opposition. «Qu'ils nous laissent travailler en paix. La réussite actuelle de l'équipe les dérange, c'est pourquoi ils ont monté des jeunes contre nous», dira-t-il. Cherif El Ouazzani, un homme seul Le premier responsable de la barre technique du MCO se sent trahi par les dirigeants du club qui ont procédé à des recrutements et programmé un stage au Maroc sans le consulter. «J'ai élaboré le profil des joueurs qui devaient renforcer l'équipe à l'occasion du mercato hivernal, et au lieu d'en tenir compte les dirigeants n'en font qu'à leur tête. J'ai demandé un avant-centre type comme doublure d'El Bahari qui revient de blessure, et eux ont recruté des milieux gauches, à l'image de Belkheir ou encore Bendia. J'ai plusieurs éléments qui évoluent dans ce poste», dira-t-il. Certains l'ont accusé de faire un forcing pour recruter son frère Abdenour, mais lui s'en défend. «Mon frère a d'énormes qualités qui lui permettent d'être sollicité par n'importe quelle équipe, pourquoi engager un bras de force pour le faire venir au MCO où existent des joueurs qui ont le même profil technique que lui ? C'est du n'importe quoi», fera-t-il remarquer. Pour le moment, Cherif El Ouazzani tente de résister aux nombreuses entraves qu'il rencontre mais jusqu'à quand ? Belkheir, un recrutement à blanc Annoncé comme une recrue de qualité qui permettait à l'équipe de clore son marché hivernal et comme un élément en mesure d'apporter son métier et son expérience à l'équipe, Belkheir Mohamed Amine a pris ses bagages pour quitter la ville d'Oran. L'ancien joueur du MCA, qui espérait évoluer dans la zone du milieu, a été affecté par son entraîneur au poste de centre-avant, ce qui n'a pas été de son goût. A l'issue de la dernière rencontre face au Nasr Es Sénia, le joueur aligné en pointe de l'attaque avait annoncé à son coach son retrait de l'équipe, mettant ainsi dans la gêne les dirigeants qui pensaient avoir clos le dossier des recrutements. «Je n'ai évolué que rarement en pointe de l'attaque, et à mon arrivée il était convenu que j'occupe un poste au milieu du terrain. Je ne pouvais pas accepter, moi qui pensait qu'en ralliant le MCO, j'allais donner une nouvelle dynamique à ma carrière. J'ai résilié mon contrat à l'amiable et je repars chez moi», a indiqué le joueur. «Ce clash renseigne sur la méthode de gestion par les dirigeants du volet recrutement. Ils auraient pu écouter l'avis du coach. Voilà le résultat : un joueur sitôt arrivé, sitôt reparti», dira un fan du club. Et dans ce climat de tension, les joueurs ont eux aussi leur part de responsabilité. «Nous nous sommes tus depuis le début de l'année, mais cela ne peut pas durer. Qu'ils nous donnent notre argent. Nous avons des familles à nourrir et cet argent nous en avons vraiment besoin», affirment certains éléments qui menacent de boycotter le stage prévu dans les prochains jours au Maroc.