La wilaya de Bordj Bou Arréridj connaît, depuis quelques jours, une recrudescence des tentatives de suicide de jeunes habitants. L'une d'entre elles, qui a eu lieu dans la commune de Medjana, s'est soldée par un décès. La dernière en date a eu lieu dimanche en fin de journée au chef-lieu de la wilaya. Le nommé B. Walid s'est aspergé d'essence devant le siège de l'Anem, situé en face de la sûreté de wilaya. Les policiers qui étaient proches de lui l'ont empêché d'aller au bout de son acte. Le jeune qui habite la cité 500 Logements de Bordj Bou Arréridj a été admis à l'hôpital Bouzidi où il a reçu les premiers soins. les autres tentatives ont pris la forme de lacérations à coups de rasoir. La commune de Medjana, encore elle, a été le théâtre hier de ces dernières tentatives. Trois jeunes chômeurs, Z. Youcef 27 ans, T. Rida, 27 ans et M. Mounir 33 ans, qui n'ont cessé de réclamer une réelle prise en charge de leurs problèmes, se sont lacéré le corps devant le siège de l'APC. Les employés de la commune et les passants ont pu les empêcher de commettre l'irréparable. «Il criaient d'une voix très énervée qu'ils allaient se donner la mort et qu'il veulent un travail», ont indiqué des témoins. En réaction à cet acte de désespoir collectif, des dizaines de jeunes ont assiégé le bâtiment de la daïra pour protester contre l'injustice dont ils font l'objet ainsi que l'absence de perspectives en matière d'emploi et de logement. Cela a obligé le chef de daïra à tenir une réunion d'urgence à laquelle ont pris part des dizaines de jeunes. Tenue en présence de l'inspecteur général de la wilaya, la réunion a été une tribune que les jeunes ont mise à profit pour dénoncer les passe-droits et l'absence de solutions concrètes à leurs problèmes. Certains ont demandé le départ pur et simple des responsables locaux dont ils refusent le comportement hautain. «Ils ne s'occupent que de leurs intérêts personnels», ont fait savoir des jeunes à voix haute. Les victimes des tentatives de suicide, que nous avons pu approcher en marge de la réunion en question, se sont déclarées victimes de la hogra, n'ayant aucun espoir d'accéder au marché du travail. Pourtant, ces jeunes disent avoir déposé des dossiers un peu partout. Mais aucune suite positive ne leur a été réservée. Pis, quand ils demandent une explication à ces incessants refus, des tissus de mensonges et de dédain de la part de leurs interlocuteurs, ils n'ont droit qu'à du mépris. Le ventre lacéré, l'un des quatre jeunes menace de se suicider au plus tard la semaine prochaine si aucune perspective ne lui est offerte. Quand nous quittons Medjana, nous laissons un climat maussade qui n'est pas seulement dû aux fortes pluies actuelles.