Le vol AH4039 de la compagnie nationale Air Algérie en provenance d'Egypte est arrivé mercredi avec à son bord 160 passagers, dont les deux équipes de volley-ball qui devaient participer à la Coupe arabe, prévue dans ce pays du 28 janvier au 6 février. En plus des équipes sportives, d'autres ressortissants algériens faisaient partie du voyage, notamment des femmes mariées à des Egyptiens et leurs enfants qui ont fui ce pays. Salima, mariée à un Egyptien depuis plus de 12 ans, est revenue en Algérie sur demande de son époux qui craint pour sa famille. «Il était difficile pour mon mari et moi de prendre cette décision, mais pour l'intérêt des enfants et de notre famille, nous avons préféré rentrer en Algérie en attendant la suite des événements», a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : «Mon mari est tenu par des obligations professionnelles qui l'obligent à rester. Nous ne sommes pas les seuls à prendre une telle décision, plusieurs autres Algériens ont plié bagages pour rejoindre leur pays d'origine, la situation étant catastrophique». Un autre passager algérien marié à une Egyptienne, arrivé par le même vol, estime que la situation est difficile en ce moment en Egypte. «La pénurie commence à se faire sentir, notamment pour les produits de première nécessité. Ajoutez à cela la situation sécuritaire qui ne favorise guère le séjour dans ce pays, et ce, malgré la formation de comités de quartier qui veillent à la sécurité des familles. Les relais de Moubarak sont prêts à tout pour permettre au raïs de rester au pouvoir. Je ne vous le cache pas, mais je ne veux pas payer de mon sang pour un pays autre que l'Algérie». Il est à rappeler que les services consulaires algériens ont mis à la disposition de nos ressortissants un numéro vert pour accueillir les demandes d'Algériens désireux de rentrer au pays. Les différents organismes et institutions, ministère des Affaires étrangères et la compagnie aérienne Air Algérie en tête, n'ont pas lésiné sur les moyens afin de permettre à notre communauté de rejoindre les leurs. A l'aéroport du Caire, des responsables consulaires algériens ont été dans l'obligation de taper fort pour programmer des vols vers l'Algérie. «Au moment où nous embarquons, plusieurs ressortissants, notamment européens, sont bloqués à l'aéroport du Caire. Sur ce point précis, nos services ont accompli un grand travail», a estimé Abdallah. Les sportifs algériens abandonnés Les deux équipes de volley-ball algériennes qui devaient participer à la Coupe arabe ne sont pas près d'oublier leur séjour en Egypte. «Les deux délégations ont vécu l'enfer, y compris à l'intérieur de l'hôtel Horizons d'Alexandrie, suite à l'irruption de jeunes émeutiers qui ont tenté de pénétrer dans l'enceinte de l'hôtel, empêchés heureusement par les services de sécurité. On avait doublement peur : le fait d'être Algérien, et là je fais référence aux événements entre l'Algérie et l'Egypte par rapport à la Coupe du monde, mais surtout du fait que nos deux délégations sont composées majoritairement de jeunes filles», a fait savoir l'entraîneur des JS Pétroliers, Ahmed Boukacem, avant que n'intervienne une jeune volleyeuse du NC Béjaïa : «Nous avons eu très peur. Nous étions au cœur d'un quartier devenu en l'espace de quelques jours une zone de guerre. A partir de l'hôtel, nous entendions les rafales et les cris des manifestants. Je déplore l'absence des services consulaires algériens qui nous ont abandonnés. Les pires journées étaient celle où le réseau téléphonique a été coupé ainsi que l'internet. Nous ne pouvions même pas joindre nos familles très inquiètes.» A l'arrivée à Alger de la délégation qui devait représenter les couleurs nationales, aucun officiel n'a fait le déplacement pour accueillir les volleyeuses. Un fait qui n'est pas passé inaperçu. «On aurait aimé que le ministre, le président de la fédération ou un membre d'une institution sportive vienne nous accueillir, mais encore une fois, nos autorités ont brillé par leur absence. Dommage», a souligné Siham, signataire des JS Pétroliers. Sa coéquipière est revenue sur le trajet entre Alexandrie et Le Caire et qui a failli coûter la vie à toute la délégation composée d'environ 40 personnes. «Nous avons voulu quitter l'Egypte dès l'annonce de l'annulation de la compétition. Donc nous avons pris des bus pour rejoindre l'aéroport du Caire. Mais à l'entrée de la capitale, nous nous sommes trouvées face à des chars militaires d'un côté et de l'autre, des milliers de manifestants qui ont failli nous lyncher. Du coup, nous étions dans l'obligation de rebrousser chemin et ne rentrer qu'aujourd'hui», a fait savoir Amel. Les Ghazaouites, premières victimes de Moubarak Dans ce même vol, une forte communauté palestinienne était du voyage, notamment des Ghazaouites. Houssam, marié à une Algérienne, nous raconte comment Moubarak traite les Ghazaouites. «Le régime de Moubarak qui est l'allié par excellence d'Israël a maltraité nos frères et sœurs palestiniens. Le passage de Rafah était fermé et des milliers de Palestiniens qui voulaient se rendre en Algérie ont été emmenés la veille de leur départ par des camions militaires ou appartenant à la police et laissés dans des cellules, sans nourriture ni literie ni médicaments. Il y avait des femmes enceintes, des vieux et des enfants. Pis, certains policiers zélés ont même fait usage de leurs matraques. Notre souhait est de voir Moubarak quitter le pouvoir, lui qui est derrière le malheur palestinien». D'autres vols sont attendus dans les jours qui viennent pour rapatrier d'autres membres de la communauté algérienne établis en Egypte, ainsi que les Palestiniens mariés à des Algériennes. Tous les moyens de transport et l'encadrement nécessaire pour leur rapatriement ont été mis en place par les autorités.