Six personnes ont été tuées dont quatre dans de violents affrontements à Kef, au nord-ouest de la Tunisie, dont la révolte populaire avait chassé, il y a trois semaines, l'ex-Président et imposé une nouvelle équipe gouvernementale de transition. Cette dernière, qui pariait samedi sur une amélioration de la situation sécuritaire, en allégeant une nouvelle fois le couvre-feu, reste vigilante face à une situation sécuritaire et sociale encore incertaine. Les quatre personnes sont mortes dans des heurts entre des manifestants et des policiers dans la ville de Kef, où 200 à 300 personnes s'étaient rassemblées pour réclamer le départ du chef de la police locale. Le rassemblement a dégénéré en affrontements lorsque ce dernier a giflé une manifestante, provoquant la colère de la foule qui a incendié le poste de police. La police a alors répliqué en tirant sur les manifestants. Quatre personnes s'écroulent : deux manifestants de 19 ans et 49 ans meurent sur le coup, tandis que deux autres, grièvement blessés, succombent à leurs blessures. Par ailleurs, dans la ville de Sidi Bouzid, d'où «la révolution tunisienne» est partie, deux personnes sont mortes dans un commissariat de police. Des centaines de personnes avaient manifesté devant le commissariat. Trois voitures de police ont été incendiées, selon des témoins. Deux agents de sécurité suspectés d'être impliqués dans la mort des deux citoyens ont été arrêtés samedi, rapporte l'agence tunisienne TAP. Pour le ministre de l'Intérieur, Farhat Rajhi, il s'agit d'un crime qui pourrait être l'œuvre de partisans de l'ancien régime. Les autorités avaient annoncé vendredi soir une réduction de deux heures du couvre-feu, appliqué depuis samedi de minuit à quatre heures locales, «en raison de l'amélioration de la sécurité dans le pays». La Grande-Bretagne avait d'ailleurs levé vendredi sa mise en garde sur les voyages en Tunisie. Vital pour le pays, le tourisme devrait retrouver au printemps son niveau d'avant, assurait vendredi le ministre du Tourisme, Mahdi Houas.