Bahia Tabi était sous les feux d'un dossier de coups et blessures volontaires entre deux épouses d'officiers de... police, lorsque Samir, le détenu qui passe en flagrant délit de vol de portable précédé de menaces à l'arme blanche, vient à la barre, la tête entre les épaules et une mine défoncée à cause de cette désastreuse détention préventive qui lui avait valu des désagréments pour s'être attaqué à une mère de famille qui est venue au tribunal, non pas réclamer des dinars, mais un châtiment exemplaire. ce qui a fait grimacer Halim Boudra, le procureur, qui a vu là un empiètement sur son terrain de prédilection, en l'occurrence l'opportunité des poursuites et surtout des demandes de peines de prison et d'amende. Samir est un récidiviste qui ne peut s'empêcher de voler. Et de voler des bracelets, des colliers et bijoux en or, pas du toc et autres, puis de chiquer. Cette fois, il a dépassé le mur du son. Le sol a tremblé sous ses pieds lorsque deux gardiens de la paix avaient vu le méfait, couru derrière le larron et l'avaient maîtrisé après une courte course poursuite. Devant Bahia Tabi-Allalou, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger), Samir avait beau essayer de dribbler, rien n'y fit. - «Alors, on s'attaque aux mères de famille ? Ce n'est pas beau tout ça ! Où est donc la virilité de nos jours ? Quelle est donc cette “redjla” qui vous a poussé à voler le portable qui était dans le cartable de l'écolière ?», tonne la juge qui va, devant le silence tuant de l'inculpé, se retourner vers la victime : - «Alors madame, comment a eu lieu le délit ?» La dame remonte la mèche de cheveux fraîchement teints et raconte qu'elle venait de ranger le mobile dans le cartable de sa fille lorsqu'elle a vu cet individu s'approcher d'elle et exiger qu'elle ouvre le cartable. «Il avait un couteau à la main», ajoute la victime qui est interrompue par Samir, qui tente de corriger : «C'est une lame de coupe-ongles !» Et à Tabi de reprendre de volée sans état d'âme : «C'est une arme blanche, coupe-ongles ou coupe-coupe !» Le détenu se tait, il baisse la tête, il vient de saisir qu'il venait de tirer sa dernière cartouche. Mais le tribunal a plusieurs autres munitions. Tenez, si la dame n'a demandé qu'un «châtiment», le procureur en a demandé mieux : «Quatre ans d'emprisonnement ferme et une amende de vingt mille dinars.» Pour ne pas changer, la présidente va derrière son pupitre, dans la salle de délibération, pour mieux trouver ce qu'elle doit décider.