L'enfant du Sud est méchamment abordé à Bach Djarah, le portable est visé. Le regard parle et le ton est menaçant. Le délit y est ... Le vol d'un portable précédé de menaces d'un jeune de la Montagne (Hussein-Dey) vers un jeune Ouargli exerçant dans la capitale et donc «l'étranger-type» méconnaissant les délinquants-rôdeurs-voleurs, agresseurs et tout et tout. Nadia Amirouche, la présidente de la section correctionnelle de Hussein Dey (cour d'Alger) avait pris la précaution de revenir sur les coordonnées du détenu, un jeune, beau hélas et surtout désarçonné par la détention préventive du flagrant délit. «Avez-vous un avocat ou voulez-vous un renvoi le temps que vous en constituez un ?» demande avec un regard nouveau ce mardi la juge. «Non, je n'ai pas les moyens de m'en payer un. Je demande à être jugé aujourd'hui car de toutes les façons, je plaide coupable, et je reconnais le vol du portable», dit le gus entre les dents, comme si réellement, il voulait en finir avec cette comparution. «Oui, oui. C'est bien de reconnaître le vol commis mais les menaces qui demeurent graves, vous les reconnaissez ?» précise la juge qui savait qu'elle allait se farcir les dribbles de ce jeune à qui on a dû souffler à l'oreille en taule que le délit de menaces était terrible et qu'il valait mieux le nier de toutes ses forces. «C'est bon» coupe Amirouche. «Nous allons alors écouter la victime, avant de revenir vers vous et nous serons mieux fixés, madame la procureur et le tribunal». Zahia Houari, la représentante du ministère public grimace tout en ôtant sa paire de lunettes de vue, juste pour ne pas poser de questions tant l'évidence est là. La victime, le visage blême depuis qu'il a revu son «agresseur» d'il y a quatre jours dans les environs de Bach Djarah, plisse les lèvres et semble attendre la première question du tribunal. «Alors, que vous est-il arrivé vendredi après-midi ?» dit entre les dents Amirouche. «Je me promenais dans Bach Djarah à moitié déserte juste avant la prière d'El Asr lorsque cet individu s'est approché de moi en lorgnant du côté de la poche où se trouvait le portable et puis...» La victime s'arrête soudain, comme pris à la gorge, victime d'une intense émotion, une émotion propre aux gens agressés et qui n'arrivent jamais à se débarrasser de l'image de ce rictus... tuant. «Continuez, vous craignez quelque chose ou quelqu'un ?» intervient la magistrate qui a tenu à effectuer cette sortie pour avoir plus de précisions autour des deux délits de vol et de menaces. «Il s'est approché de moi et d'un regard perçant, il a exigé que je lui remette le portable sinon....» La victime se tait neuf secondes avant que Amirouche n'ajoute : «Sinon quoi ?». La victime se taira définitivement jusqu'à ce que la parquetière ne requière contre ce récidiviste une peine de prison de deux ans ferme. Amirouche plisse les yeux, lasse comme elle l'est à chaque fin de rôle. Elle décide de mettre l'affaire en examen pour mieux juger.