Profitant de la passivité des autorités, les improvisateurs de parkings sauvages, notamment dans les communes du centre-ville, viennent de pousser le bouchon trop loin en affichant leurs tarifs : 100 DA pour 3 heures de stationnement, 150 DA pour 4 heures, 200 DA pour 5 heures et plus de 200 DA si l'automobiliste dépasse les 5 heures... des parkings anarchiques continuent d'être créés au vu et au su des responsables des communes, des daïras ou d'autres instances à plus haut niveau, lesquelles ne daignent même plus bouger le petit doigt. Ces jeunes, qui ont accaparé des endroits généralement très fréquentés, pour une raison ou une autre, par une population prise en otage, semblent vouloir scrupuleusement leur soutirer quelques sous en affichant des prix plutôt astronomiques pour une petite durée de stationnement. La population, abasourdie par ce qui se passe, constate les dégâts sans réaction aucune. En revanche, ces jeunes exercent leur «métier» avec aisance mais surtout dans des moments de grande affluence. Ils s'affichent notamment au centre-ville de la capitale et de ses environs immédiats. On les remarque, à partir de la place du 1er Mai, à Hussein Dey et El Harrach, en passant par Mohamed Belouizdad et les Annassers. Sur cet axe, plusieurs espaces situés notamment devant des centres commerciaux construits pour apporter ce «plus» qui manque à une population avide d'en finir avec les courses au quotidien, mais également une manière d'égayer l'atmosphère, des espaces minuscules ont été créés pour soutirer de l'argent à tout prix. Cependant, et si cette population commence par en avoir par-dessus la tête de ces sommes exorbitantes affichées, ces gangsters, qui agissent sous l'œil hagard des services de sécurité, ne semblent reculer devant rien. Au contraire, devant la passivité des autorités, ils passent à un autre palier de l'activité informelle, très en mode de nos jours : celui d'afficher un programme selon la durée du stationnement ! En effet, les nouvelles tarifications de ces parkings ne font même pas allusion à une vieille carcasse des années 1960 ou 1970 par rapport à un 4x4 des temps modernes, il s'agit là donc de 100 DA pour 3 heures, 150 DA pour 4 heures, 200 DA pour 5 heures et de plus de 200 DA si l'automobiliste dépasse les 5 heures d'arrêt. Les usagers, ainsi mis devant le fait accompli, n'ont pas vraiment le choix : payer et avoir la paix le temps de régler leurs affaires ou refuser au risque de se voir interdit de stationner, agressé, voire voir sa voiture saccagée… Il faut dire que cette activité lucrative aiguise l'appétit des jeunes chômeurs, devenus maîtres incontestés de l'accaparement de l'espace public qu'ils squattent sans que les pouvoirs publics ne réagissent. M. Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, avait estimé en octobre 2010 qu'à travers ce mécanisme (régulation des parkings sauvages), le gardien du parking «assumerait sa responsabilité devant le citoyen et l'administration». Ce n'est pas tout. Pour le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, une fois cette opération mise en place, les citoyens vont payer «une redevance raisonnable». Les walis, selon le ministre, doivent gérer le problème de la circulation et du stationnement urbain et mettre fin à l'anarchie qui caractérise le stationnement dans les villes. Jusque-là, les administrations se refilent cette «chaude patate». Le ministre ne s'arrête pas là, il avait rétorqué que ces endroits publics devaient revenir à leur point initial. Il ajoutera : «Nous allons réfléchir à mettre en place un mécanisme afin de réglementer les parkings sauvages.» Et d'ajouter qu'il est conscient que des personnes occupent sans autorisation ni titre de l'administration des endroits publics qu'ils transforment en aires de stationnement. «On va organiser cette situation à travers une étude qui déterminera les zones à gardiennage. Des badges seront distribués pour les gardiens de parking. Ces derniers seront d'abord sélectionnés par les services de police. «Cette initiative, si elle venait à se réaliser, pourrait avoir des conséquences plutôt néfastes au moment où le citoyen s'attend à ce que des parkings soient construits réglementairement afin de réguler un tant soit peu une anarchie qui prend d'autres allures.»