La multiplication des parkings à Alger continue de susciter des réactions diverses. Ce genre de parkings appelés, à tort ou à raison, de sauvages, se sont multipliés jusqu'à gagner les enceintes de certains établissements publics, où des agents et leurs copains accueillent des véhicules d'automobilistes habitant la périphérie des établissements moyennant 500 voire 800 DA le mois dans les quartiers populaires à risques. La progression et la poussée des parkings payants touchent même les lieux censés être gratuits, à l'image des centres commerciaux qui obéissent à un cahier des charges où il est stipulé clairement que : «Les centres commerciaux doivent impérativement être dotés de parkings qui seront gratuits, sans cela le centre ne répondrait pas aux normes en vigueur.» Hélas, car au niveau des centres commerciaux, les parkings sont payants et à quel prix ! En juillet 2007, le centre commercial El Qods, érigé au centre-ville de la commune de Chéraga, ouvre ses portes en grande pompe, une belle bâtisse qu'on pouvait voir des quatre coins de la capitale. Le centre El Qods est doté d'un parking au sous-sol du bâtiment pouvant contenir 1000 voitures. Le propriétaire avait opté au début pour le paiement du parking. Aujourd'hui, le lieu reste une coquille vide, puisqu'il est déserté par les visiteurs.Un autre centre, un autre parking payant. Le majestueux centre commercial de Bab Ezzouar qui a ouvert ses portes récemment. «C'est un centre de bouffe», a commenté un client rencontré sur les lieux. Une plaque indiquant les prix du parking est même affichée à l'entrée du sous-sol. «Dans ce centre, non seulement tu payes, mais selon le temps passé à l'intérieur de l'enceinte. Si tu restes une heure pour faire les magasins, tu dois réserver 100 DA pour payer le droit de place, au-delà c'est 200 DA, 4h 300 DA, 5h 500 DA et enfin 6h 600 DA et si tu dépasses les six heures, tu dois verser 200 DA de plus. C'est à se demander si les autorités existent ou non.» C'est en ces termes que Nadjib, un client du centre, a fait le tour de la question du parking du centre commercial de Bab Ezzouar. Pourtant, la loi est claire comme l'eau de roche en la matière : le centre commercial de Bab Ezzouar doit respecter les clauses du cahier des charges en vigueur. Nous avons tenté de rencontrer les responsables du centre pour des explications, en vain. «Le directeur de la communication qui est censé vous recevoir est en congé de maladie, nous dit un agent. Et le directeur est en réunion.» Les quelques visiteurs que nous avons pu approcher et avec lesquels nous nous sommes entretenus sont tous unanimes : «C'est une arnaque, le magasin Carrefour d'Hussein Dey a été fermé parce qu'il n'avait pas de parking, alors qu'ici la direction fait payer les clients qui viennent pourtant pour acheter», souligne Ahmed. La situation est telle que les alentours du centre sont squattés par les automobilistes qui viennent faire leurs emplettes au centre commercial. «D'ici peu, des jeunes à l'affût du gain facile vont arriver, bâtons à la main et nous feront payer le droit de place», a conclu Nadjia. Hôpital la journée, parking le soir venu Le manque d'aires de stationnement devant des cités et le manque d'espace a donné lieu à des idées à certains agents de sécurité de l'hôpital Mustapha Pacha qui se font de l'argent en louant les espaces de l'hôpital, la nuit, aux habitants des quartiers de la place du 1er Mai. «500 DA le mois pour les espaces allant du premier portail jusqu'à la loge des agents et 800 DA par mois par voiture à l'intérieur de l'hôpital. Nous payons les agents de sécurité qui sont au nombre de cinq ou six. Moi personnellement je négocie avec un seul d'entre eux.» Ce sont les propos d'un client du «parking payant Mustapha Pacha». L'hôpital peut accueillir quelque 500 véhicules, vu les espaces réservés au stationnement. Un simple calcul suffit pour comprendre l'enjeu et le profit qu'en tirent les agents, et qui sait, peut-être même des responsables. A raison de 500 voiture qu'on multiplie par 500 DA par mois, cela nous donnera quelque chose comme 25 millions de centimes ! De quoi se précipiter vers les urgences pas pour garer mais pour se soigner. L'absence de l'Etat, le manque d'espaces réservés au stationnement et le non-respect de la réglementation concernant les centres commerciaux a conduit à cette situation où l'automobiliste paye ou se voit refoulé, si ce n'est agressé ou parfois même volé. Les parkings sauvages se sont mis en «conformité», genre d'une loi unipersonnelle en l'absence de texte et d'un cadre de contrôle rigoureux en la matière.