Un million deux cent mille logements avant 2014, c'est vraiment beaucoup. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a sûrement raison de dire que la réalisation de ces logements et leur distribution constituera une avancée sociale considérable. Tout comme la manne financière, 3700 milliards de dinars, que la construction de ces habitations va mobiliser, sera d'un apport économique non négligeable. Ne serait-ce que par les emplois qui vont être créés dans les chantiers de ce programme et ce qu'il (le programme) va apporter aux entreprises engagées dans la réalisation. Il faut dire qu'en la matière, ça fait longtemps qu'un projet d'une telle ampleur n'a pas été envisagé. Et que les conditions de son aboutissement, dans les délais, ne sont réunies. Que ces conditions se déclinent en disponibilités financières, en pression sociopolitique ou en renouveau dans la performance des entreprises dû essentiellement à la concurrence internationale, la possibilité d'aller au terme de ce programme est une réalité. Sauf que l'opinion a toujours du mal à y croire et ce ne sont pas les raisons qui manquent pour cela. Les désillusions et leurs prolongements psychologiques étant toujours plus forts que les «conditions objectives», il est toujours difficile de convaincre que cette fois sera la bonne, d'autant plus que «cette fois» veut dire qu'on va inaugurer une nouvelle ère de respect des termes et de délai par la concrétisation du plus ambitieux programme de logements depuis l'indépendance. Quand la moindre petite cité voit ses délais de réalisation se prolonger indéfiniment, ses coûts réévalués à plusieurs reprises et son standing rabaissé jusqu'au toc, il n'est pas du tout évident de s'enflammer pour de nouvelles promesses. Surtout qu'en la matière, il y a déjà des exemples qui devraient tempérer l'optimisme de tous ceux qui, de bonne foi ou intéressés, semblent y croire dur comme fer. Et parmi ces exemples, le plus emblématique est certainement celui des programmes AADL en souffrance depuis une décennie et qui suscitent cycliquement inquiétudes et colères. L'exemple est emblématique parce qu'il est récent, flagrant et médiatisé. Mais surtout parce que la formule, inexplicablement abandonnée alors qu'elle est la seule à avoir donné quelques résultats en matière d'accès au logement, renvoie à un vieux débat : la transparence et l'équité dans l'attribution. Parce que la réalisation d'un million deux cent mille logements d'ici 2014 est déjà difficile, sans compter que ce n'est pas tout. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir