Dans la nuit de vendredi à samedi, une centaine de jeunes de la cité Beau Fraisier ont provoqué les habitants de Djenane Terez. Les deux groupes se sont par la suite mesurés à l'arme blanche, entre autres, dans l'enceinte du siège de l'APC. L'affrontement a pris fin à 2h du matin à cause de… l'épuisement ! Depuis une année est demie, la population de la commune de Oued Koreiche vit quasi-quotidiennement au rythme des bagarres rangées entre des bandes de jeunes qui utilisent fréquemment des armes blanches. Ils s'affrontent pour la moindre cause (fille provoquée…), mais avec le temps, ils ont fini par se mesurer sans avoir à chercher une raison quelconque. Depuis la rixe sanglante qui a opposé, dans la nuit du 13 octobre 2009 (pour une histoire de sandwich), des dizaines de gens du bidonville Sonatro de Diar El Kaf (rasé en 2010) à ceux de Kettani (Bab El Oued), la guerre entre groupes rivaux ne s'est pas arrêtée. Au contraire, elle s'intensifie, au détriment des familles. «Nous vivons au rythme de deux à trois bagarres par semaine», soutient-on à l'APC. D'habitude, se sont les jeunes de Diar El Kaf, de Djenane Hassan et de Triolet qui s'illustrent dans ces batailles. Désormais, il faudra composer aussi avec les jeunes du gang de la cité Beau Fraisier. Ce dernier a fait une démonstration de sa force de nuisance dans la nuit de vendredi à samedi. Une centaine de jeunes de ce quartier, dont certains portaient des cagoules, armés de couteaux, entre autres, sont en effet allés provoquer les habitants de Djenane Terez et Djenane Hassan. Tout a commencé vendredi, vers 21h30. Une fois sur place, ils ont endommagé un véhicule (Peugeot 307) d'un particulier. Les jets de pierres ou de bouteilles et les insultes proférées par eux à l'encontre des gens du quartier ont obligé ceux-ci à répliquer de la même manière. C'était œil pour œil, dent pour dent. Les deux groupes ont par la suite engagé les hostilités dans l'enceinte même du siège de l'APC. Ce qui est une première, assure-t-on. Le parc automobile de la commune, qui se trouve sur place, a lui aussi subi des dommages. Le désordre, les rixes ont duré jusqu'à 2h du matin de samedi. «Les deux gangs se sont affrontés jusqu'à l'épuisement», assure-t-on. Autrement dit, la police n'est pas intervenue sur le théâtre des événements, alors qu'elle avait été alertée à temps. Au lieu de cela, elle est allée surveiller les abords de la cité Carrière Jaubert, un quartier abritant le gang le plus nuisible et le plus redoutable de tous à Oued Koreiche et Bab El Oued. «La police a tardé à intervenir. Les jeunes s'étaient affrontés sous le regard complice de la police», ajoute-t-on. La multiplication et, maintenant, la généralisation des affrontements interquartiers créent un climat de peur parmi la population. Elle se sent de plus en plus en danger sur tout le territoire de la commune. L'absence de réaction des services de sécurité à la mesure de l'ampleur du problème qui se pose accentue grandement leur hantise de se voir un jour attaqués dans leur propre maison. «Cela signifie quoi quand la police n'intervient pas ? Cela veut dire que le citoyen est livré à lui-même», estime-t-on.