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Enquête : Emeutes à cause d'un terrain de foot
Publié dans Le Buteur le 18 - 02 - 2009

Bab El Oued a vécu 4 jours d'affrontements : «El Mouqawama» Groupe Taine et «Hamas» Carrière-Jobert se font la guerre… pour un terrain de foot
Les quartiers des hauteurs de Bab El Oued ont vécu, il y a quelques jours, une véritable «guerre des gangs» avec, pour toile de fond, un terrain de football. Anarchie, affrontements violents et batailles rangées ont été le lot quotidien des habitants du quartier durant 4 jours, avec comme bilan de nombreux blessés parmi les jeunes de ce peuple qui n'arrive décidément pas à renouer pleinement avec la paix, la tranquillité et la quiétude puisqu'un simple match de quartier a suffi à faire rejaillir les rancœurs. Un simple match qui illustre l'échec de la politique du sport de proximité, ce qui a rendu possible l'affrontement entre des quartiers populaires à cause d'un terrain en béton.
Le «Stade de la concorde», terrain des batailles de foot
Ce qui s'est passé la semaine passée à Triolet, qui n'a pas encore séché complètement les larmes de la désolation née des inondations de l'automne 2001, a fait le tour de la capitale et d'autres wilayas, tant on ne peut rien cacher en 2009. En fait, personne ne peut trouver une explication rationnelle au déclenchement d'une véritable guerre entre deux quartiers populaires séparés de quelques centaines de mètres seulement. Nous nous sommes déplacés sur les lieux du drame afin d'essayer de comprendre, à travers des témoignages, les vraies causes de ces graves dérapages.
Les inondations de Bab El Oued en 2001 avaient presque tout rasé, y compris le célèbre marché de Triolet. Cela avait amené les collectivités locales à réaménager l'emplacement du marché en un espace de jeu pour enfants avec gradins. Les habitants ont par la suite transformé cet espace en un terrain de football dénommé «Stade de la concorde» sur lequel des jeunes de plusieurs quartiers voisins, tels Groupe Taine, Beau-Fraisier, Carrière-Jobert, Cité Armaf et Grand Marché, s'adonnent à d'interminables parties de football afin d'oublier l'oisiveté ou la fatigue des dures journées de travail. Or, les rivalités entre quartiers ont refait surface la semaine passée à cause d'un simple malentendu qui aurait pu être aplani sans nécessairement déterrer la hache de guerre.
A Triolet, les traces de bataille sont encore visibles
Nous nous sommes déplacés au fameux terrain lundi à l'horaire où les batailles commençaient en général, soit à la tombée de la nuit. Vers 17h30, nous avons stationné la voiture à la Cité Armaf. Déjà, sur le chemin, les traces des affrontements sont encore visibles. Dans un café nous avons engagé la conversation avec des clients. En apprenant notre fonction, tout le monde voulait apporter son témoignage et dénoncer ce que le quartier a vécu la semaine dernière. Les témoignages recueillis sur place sont divergents. Alors que certains affirment que la cause des incidents est une guerre d'influence entre les jeunes du Groupe Taine et ceux de Carrière-Jobert, d'autres assurent que ce sont plutôt les comportement et langage vulgaires des joueurs de Carrière-Jobert qui ont provoqué l'indignation de toute la population du quartier et ont débouché sur des émeutes. Cela dit, il reste certain que le problème est plus profond et dépasse le cadre d'un échange d'accusations. Ceux qui sont à blâmer le plus sont les autorités de la commune de Bab El Oued qui n'ont pas pu créer suffisamment d'aires de jeu dans le cadre du sport de proximité afin d'éviter pareilles mésaventures.
Un jeune roué de coups et tout s'enclenche
Mardi passé, les jeunes de Beau-Fraiser ne se sont pas entendus avec ceux du Groupe Taine sur celui qui utilisera le terrain en premier. Cela a débouché sur une bagarre générale. Il se trouve que l'un des joueurs de l'équipe de Beau-Fraisier habite Carrière-Jobert. De retour à son quartier, il a raconté qu'il a été frappé par les gars de Groupe Taine. Les jeunes de son quartier se sont alors solidarisés avec lui. C'est une version confirmée par tous les habitants des environs du terrain. Cependant, les habitants de Groupe Taine la démentent fermement. Selon eux, ils ont frappé deux jeunes de Carrière-Jobert qui ont été auteurs d'actes contraires à la morale en public et, pour se venger, les deux personnes ont appelé les jeunes de leur quartier en renfort. Dans tous les cas, il faut avouer qu'aucun de ces deux scénarios ne peut justifier le déclenchement d'une guerre de quatre jours entre les jeunes des deux quartiers.
Pierres, épées et cocktails Molotov entre
«El Moukawama» et «Hamas»
Si la soirée du mardi est passée sans incidents, ce n'était que le silence qui précède la tempête. En effet, le lendemain, les hostilités ont commencé. Cela a débuté lorsqu'un écolier de Carrière-Jobert, inscrit dans une école à El Kettar, a été intercepté en possession d'un poignard. Il a été alors roué de coups. La soirée-même, une bataille rangée s'est déclenché avec, pour début, des pierres comme armes. On se croirait en Palestine, avec des enfants, adolescents et jeunes se lançant des pierres, mais les belligérants sont du même pays. Puis, les choses ont gravement évolué avec l'utilisation d'armes blanches, d'épées et de cocktails Molotov, avec des bandes organisés en véritables gangs. Comme s'il s'agissait d'un jeu, les gens de Groupe Taine se sont donnés le nom de «El Mouqawama» (la résistance palestinienne à Gaza) alors que ceux de Carrière-Jobert se sont fait appeler «Hamas» ! Le plus dramatique est qu'il y avait, parmi les gens du quartier, qui attendaient avec impatience et plaisir ces affrontements. Il y en a même eu qui se délectaient du spectacle, allant jusqu'à tout filmer avec leurs téléphones portables.
Le prêche d'un imam ramène le calme
Il n'y a pas de guerre sans victimes. Fort heureusement, la «guerre» de Bab El Oued n'a engendré aucune perte en vie humaine, mais il y a eu quand même des blessés dans les deux camps, de gravité diverse. Le cas le plus grave est un jeune qui a reçu plusieurs coups de couteau. Selon des témoins oculaires, un policier a été blessé au visage par un jet de pierre. Il aura fallu que l'imam de la mosquée Taouba fasse un prêche vendredi passé dans lequel il a appelé les habitants de Carrière-Jobert à la sagesse et à mettre fin à toute atteinte aux personnes et aux biens pour que les hostilités cessent.
A Carrière-Jobert, on invoque une guerre de gangs
Afin d'avoir la position des habitants de Carrière-Jobert, nous avons pris le risque d'y aller de nuit, en dépit des mises en garde de tous ceux que nous avons croisés en chemin. Nous avons pu approcher les acteurs des événements qui nous ont raconté ce qui s'est passé, non sans assurer qu'il s'agit au fond d'une guerre entre deux gangs de Carrière-Jobert et de Groupe Taine dont l'enjeu est d'asseoir une mainmise sur tout le territoire de la commune. Nous avons pu remarquer que le terrain de la cité, «Le Maltais», ressemblait à tout sauf à un terrain de football. Nous avons compris alors pourquoi le terrain de La concorde à Triolet était si sollicité. Des curieux sont venus se mêler à la discussion et l'un d'eux, avec le sourire, nous a affirmé : «Nous sommes prêts à accueillir une équipe de n'importe quel quartier chez nous, au stade «Le Maltais» et nous lui offrirons même de la limonade en signe de bienvenue. A Carrière-Jobert, nous ne sommes pas tous des voyous.»
Le Groupe Taine prétexte des actes immoraux
Au Groupe Taine, on récuse la version de guerre des gangs. «Les jeunes de Carrière-Jobert s'adonnent continuellement à des actes contraires à la morale, sans aucun respect pour le voisinage. Il fallait les remettre à leur place car notre patience et notre tolérance ont des limites et c'est ce que nous avons fait», explique Dahmanou. Toujours est-il qu'on se refuse là aussi à généraliser et à mettre tout le monde sur un pied d'égalité, les habitants ne fustigeant que les voyous de l'autre bord.
Le stade Ferhani, une solution
Qui a raison et qui a tort ? Difficile à dire, quoique l'absence d'infrastructures pour jeunes dans une commune populeuse comme Bab El Oued est un problème. On se demande à quand l'achèvement des travaux du mini-complexe Ferhani qui pourrait constituer un espace pour permettre aux jeunes de la commune de s'adonner à la pratique du sport plutôt que d'être tentés par la violence sociale comme moyen d'expression juvénile. La sonnette d'alarme est tirée.
Badreddine Djaafar


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