Les derniers incidents qui ont émaillé le quotidien des habitants des hauteurs de Bab El Oued et de Oued Koreich suscitent de nombreuses interrogations. Après l'épisode de caillassage des voitures qui étaient en stationnement il y a de cela trois mois par des brigands qui ont commis leur forfait la nuit, le long de la rue Colonel Lotfi, voilà d'autres confrontations à couteaux tirés entre bandes rivales, qui, sous l'effet des drogues, sont partis en guerre des clans munis d'un attirail d'armes blanches : haches, gourdins, yatagan de samouraï. Un arsenal qui donne froid dans le dos. « Au moins dix blessés ont été enregistrés lors de la bataille rangée entre deux clans les mercredi, jeudi et vendredi derniers à Climat de France », selon un des élus de la commune de Oued Koreich qui déplore par ailleurs le laxisme des autorités et l'absence de prise en charge des jeunes qui s'adonnent à tous genres de vices et menacent la quiétude des cités populeuses des communes de Bab El Oued et Oued Koreich. Il serait malvenu de prêter le flanc à l'argumentaire de « qui a commencé le premier », car le mal est profond. Il s'agit dès lors de s'attaquer à l'origine du malaise, tant le substrat de la violence est criant. Promiscuité, exiguïté des logements ressemblant à des taudis, manque des activités sportives et des loisirs, chômage et son corollaire la drogue sont, entre autres, des ingrédients qui poussent les jeunes à la violence. Ces cohortes, qui imposent leur diktat sans être inquiétées, détroussent les gens et sèment la terreur au sein des populations. Ainsi, les endroits devenus non sécurisés dans lesdites communes sont nombreux, Climat de France, Carrière Jobert, Triolet, cité Verneau et Saïd Touati sont fréquentés par des « sans foi ni loi » qui jettent l'effroi dans le milieu plébéien. Des jeunes qui font la pluie et le beau temps, comme ce cri des camionneurs qui viennent s'alimenter en matériaux, le soir, à l'Ecava située dans la Carrière Jobert. « Il n'y a pas de sécurité et nous sommes à chaque fois délestés de nos biens », tempête un groupe de chauffeurs qui, à la queue leu leu, attendent leur tour devant le portail de l'entreprise. « Depuis quelque temps, nous sommes habités par le sentiment d'insécurité. Nous ne pouvons plus circuler, en toute quiétude, à une certaine heure de la journée », dira une mère de famille qui accompagne, de bon matin, sa fille qui s'est fait agresser près de la station universitaire Onou. Voilà de quoi donner des frissons dans le dos et méditer sur le climat de peur et d'incertitude qui règne dans nos cités, gagnées par le phénomène de la violence.