C'est une magnifique exposition d'art pictural où le signe batifole à son gré et au gré de l'imaginaire fécond de ces six artistes qui voit chacun à sa manière une préservation de notre patrimoine. Cette manifestation qui se tient au centre des loisirs scientifiques du 19 février au 5 mars vise à vivifier et à perpétuer la tendance Aouchem qui a eu ses heures de gloire et continue d'inspirer encore les artistes. Noureddine Chegrane, Ahmed Ben Youssef Stambouli, Madjid Guemroud, Djenane Zola, Noureddine Hamouche, Smaïl Metmati, tous donnent une nouvelle vision de ce style en y introduisant une touche de modernité à leurs compositions. Les superbes toiles de Noureddine Chegrane aux grands formats apportent une note de fraîcheur avec toutes ses teintes bigarrées. La joie en bleu, Signes en mouvements, Présence rappellent que Chegrane tout en restant rivé à son style arpente des horizons nouveaux. Les panneaux en forme de stèles de Stambouli témoignent de son imagination fertile tout en faisant une incursion dans notre profonde mémoire collective. Les aquarelles de Guermoud se rapprochant du style naïf explosent de couleurs de toutes sortes, de véritables patchworks aux tons chamarrés, comme l'indiquent les intitulés de ses œuvres notamment Fleurs de pailles, Danse avec les loups, Fleurs d'automne, Fleurs de printemps, alors que les toiles de Zola sont une magnifique farandole de calligraphies à prédominance d'ocre, de beige et de marron. Tanina, Danse et Bordj Fnar sont autant d'œuvres qui montrent que l'artiste a su avec doigté et adresse moderniser l'alphabet tifinagh. Sous son habile pinceau, il prend une forme nouvelle et donne un rendu exemplaire. A ce sujet, l'artiste avoue : «Je pratique la peinture depuis une quinzaine d'années et je me suis spécialisée dans la calligraphie berbère.» Noureddine Hamouche rend un vibrant hommage à ce patrimoine ancestral du terroir. Tout en finesse, ces œuvres sont d'un raffinement qui émerveille le profane comme le pro. Introduisant des petits miroirs, il donne un cachet particulier à ses tableaux qui se caractérisent par une parfaite harmonie chromatique. Quant à Metmati, ses toiles aux titres suggestifs comme Awal, Amazigh, Assikel, Tamourth, Thayri, aux couleurs chaudes, sont de beaux aplats de tons de rouge et de jaune sur lesquels se greffent des signes symboliques. Cette exposition, qui met en exergue le signe, se décline dans la sauvegarde de cette culture ancestrale qui, du profond passé, a encore des résurgences. Il est à relever que tous les artistes ont à leur actif de nombreuses expositions. Cette exposition est à voir expressément.