Il n'y a pas eu marche des militants de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) à Hussein Dey. Au nombre d'une cinquantaine, ils étaient regroupés hier à partir de 10h au lieudit Lafarge, non loin de la cour d'Alger. C'est à partir de cet endroit que les membres de la CNCD devaient rejoindre la place du 1er Mai, bravant ainsi l'interdiction des marches à Alger. Parmi les personnes présentes, on peut citer maître Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), au côté des militants du RCD, notamment les députés Rabah Boucetta et Mohcine Belabes. A peine regroupés pour donner le coup d'envoi de la marche, les manifestants ont été vite ceinturés par des policiers qui, faut-il le préciser, n'avaient sur eux ni armes ni matraques. Ils n'ont pu évoluer d'un iota. Ils se sont mis à crier à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir, attirant ainsi l'intention de plusieurs automobilistes qui passaient par là. Le trafic routier était des plus denses, hier matin, au niveau des principales ruelles d'Hussein Dey. Le quartier des Annassers (ex-Ruisseau), où se trouve le lieudit Lafarge, était animé dès les premières heures de la matinée. Les cafés, tous ouverts, étaient pleins à craquer. Les magasins, quant à eux, ne cessaient de recevoir une clientèle de plus en plus nombreuse et disponible à faire ses emplettes en ce samedi, deuxième jour du week-end. Mais c'est aussi «le samedi de la contestation», comme ont tenu à le rappeler les militants de la Cncd, regroupés non loin de la cour d'Alger. Ces derniers, lançant des slogans hostiles au pouvoir, tels que «Echaâb yourid isqat ennidham (le peuple veut la chute du régime), A bas la répression, liberté d'expression», ont également brandi des pancartes où l'on pouvait lire, entre autres, ce message adressé à Bouteflika : «M. le Président, notre manifestation est légitime, pacifique et démocratique. Nous demandons le changement et le départ du gouvernement.» «Système dégage» pouvait-on lire sur d'autres écriteaux. A 10h45, un groupe de «pro-Bouteflika» entre en scène, muni de portraits du chef de l'Etat. N'était l'intervention de la police pour séparer les deux groupes, des affrontements auraient pu avoir lieu. «Nous voulons la liberté» Sollicité par les journalistes, maître Ali Yahia Abdenour a estimé que «l'accélération de l'histoire va faire basculer tous les dirigeants arabes». «Ce n'est qu'une question de temps», ajoute-t-il. «Nous voulons la liberté et nous demandons à ce que l'Algérien soit considéré en tant qu'un citoyen et non pas en tant qu'un simple sujet», a-t-il expliqué. Maître Ali Yahia a quitté les lieux à 11h45. Un quart d'heure plus tard, les autres manifestants de la Cncd se sont dispersés dans le calme.