Organisée au Centre culturel français d'Alger dans le cadre de ses activités et de l'association Cartooning For Peace, la rencontre avec Jean Plantu et Ali Dilem a attiré tous les mordus de la caricature. Cette association a été créée par le caricaturiste Plantu après à l'appel de Kofi Annan en 2006 suite à l'affaire des dessins parus dans un journal danois qui avaient touché la sensibilité des musulmans. Après la présentation des deux artistes faite par l'ambassadeur de France à Alger, Plantu et Dilem, armés de leurs stylos-feutres, ont ouvert le dialogue en direct par une série de dessins inédits. Entre deux dessins, Plantu, dessinateur du journal Le Monde depuis 1972, s'arrête et se remémore sa rencontre avec le défunt Yasser Arafat qui avait lui aussi pris un crayon et adressé quelques messages de paix par le biais de dessins. En effet, le leader palestinien qui rêvait de paix avait déjà imaginé une monnaie unique (comme l'euro) pour le futur Moyen-Orient qui ne mettrait en marge aucune race ni aucune religion. Yasser Arafat savait aussi que le dessin est l'un des meilleurs outils de communication. Au moment où on revoyait un dessin de Dilem montrant deux barbus portant un t-shirt avec la mention «I love New York» avec l'image d'un avion représentant l'attaque de Ben Laden contre le World Trade Center, Plantu fera remarquer : «nous, on ne peut pas dessiner la tragédie.» Il faut dire que les Algériens en général ont cette particularité de rire même au moment des pires malheurs. Au sujet de la censure, les deux dessinateurs ont affirmé que souvent on permet certaines libertés à ses concitoyens mais pas aux dessinateurs étrangers. Toujours en ce qui concerne la censure, Plantu a reconnu qu'il ne peut pas se permettre certains dessins sur Sarkozy que Dilem a publiés sur le président algérien. Plantu a tenu à rendre hommage au grand dessinateur Slim qui était présent dans la salle et avec lequel il avait rencontré la première fois en 1989 le public algérois au CCF. Prenant la parole, Slim affirme que c'est en 1995, lorsqu'il était arrivé à Paris et en rencontrant Wolinsky, Plantu..., qu'il avait compris ce qu'est la vraie solidarité. Avant d'échanger des portraits modifiés avec Dilem, Plantu, qui avait dessiné en 1989 le portrait de Slim, a invité ce dernier à rejoindre l'association Cartooning For Peace. Il faut noter qu'en marge de cette rencontre, une exposition des dessins de Plantu et Dilem était organisée dans le jardin du CCF.