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La percée militaire des kadhafistes à l'épreuve de l'étau diplomatique Au lendemain des sanctions de l'UE, la Ligue arabe serait favorable à un embargo aérien
Alors que les kadhafistes maintenaient hier la pression sur l'opposition dans l'est de la Libye, les chefs de la diplomatie arabe entamaient leurs consultations au Caire autour de la question de l'établissement ou non d'un embargo aérien contre la Jamahiriya. Dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Amr Moussa, a défendu l'idée de la création d'une zone d'exclusion aérienne et souhaité que la Ligue «joue un rôle» dans sa mise en place. «Je parle d'une action humanitaire. Il s'agit, avec une zone d'exclusion aérienne, de soutenir le peuple libyen dans sa lutte pour la liberté et contre un régime de plus en plus dédaigneux», a-t-il déclaré ouvertement. Bien avant son intervention, la Ligue arabe avait fait savoir qu'elle pourrait appuyer la mise en place d'une telle zone, mais s'était déclarée contre une intervention militaire proprement dite. Les ministres des Affaires étrangères se sont mis d'accord pour inviter le Conseil de sécurité de l'ONU à imposer une zone d'exclusion aérienne "pour protéger le peuple libyen", a affirmé un diplomate. La décision a été acceptée par tous les ministres, exceptés ceux de l'Algérie et de la Syrie, a indiqué cette même source sous couvert de l'anonymat. Les ministres ont aussi décidé "d'ouvrir des canaux de contact" avec le Conseil national de transition, qui regroupe l'opposition libyenne. La Libye a été exclue de ces réunions. En outre, malgré le souci de Tripoli de dépêcher une délégation dans la capitale égyptienne, l'organisation arabe n'a autorisé aucun des émissaires du régime de Kadhafi à prendre part à la réunion d'urgence. De son côté, le Conseil national de transition (CNT) de l'opposition a demandé à la Ligue arabe de le reconnaître en tant que représentant de la Libye et de donner son accord à une zone d'exclusion aérienne. Si cela se confirme, il s'agira du énième revers diplomatique pour le clan de Kadhafi qui est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Il est à rappeler que la veille, l'Union européenne et les Etats-Unis avaient insisté sur la possibilité d'utiliser «toutes les options» contre le régime de Mouammar Kadhafi. Mais les 27 pays de l'UE ont souligné que toute intervention était conditionnée à «une nécessité démontrée, une base juridique claire et le soutien de la région». Toutefois, le président français s'est montré ferme, n'excluant en aucun cas une action sans mandat de l'ONU. Face à ces pressions diplomatiques, il ne reste aux partisans du régime en place que le terrain militaire pour tenter de renverser la vapeur. Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont lancé au moins deux raids aériens à l'est de Ras Lanouf, touchant un poste de contrôle aux mains de l'opposition et une raffinerie. Cependant, peu d'informations filtraient hier sur la situation, les communications téléphoniques étant très perturbées. À Zawiyah, autre bastion de l'opposition tombé officiellement mercredi après plus de deux semaines de résistance acharnée, les forces du régime ont fêté vendredi leur victoire. Selon un bilan provisoire, il y aurait eu 14 morts des deux côtés. Des témoins ont fait état de combats très violents dans cette ville, certains parlant même de «massacres». Ailleurs, dans la Jamahiriya, les troupes de l'opposition contrôlaient toujours Misrata (150 km à l'est de Tripoli) et plusieurs villes du nord-ouest, en particulier dans la région montagneuse du Jabal El Gharbi. Plus de 10 000 personnes s'étaient rassemblées vendredi dans cette ville pour réclamer le départ du colonel Kadhafi. Le président américain Barack Obama aurait-il eu raison de se déclarer «préoccupé» par la possibilité d'une victoire de Kadhafi sur le terrain ? Trop tôt pour le dire, même si le temps presse en Libye.