Les ministres arabes des Affaires étrangères se retrouveront aujourd'hui au siège de la Ligue au Caire pour discuter du choix des sanctions à l'encontre du Mouammar Kadhafi après les derniers développements en Libye qui ont fait des milliers de morts. Dont l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne. « Cette réunion qui intervient après une série de contacts engagés par Amr Moussa, le secrétaire général, examinera l'action à mener pour remédier à la situation en Libye », explique Ahmed Ben Helli, le secrétaire général adjoint de la Ligue. « Elle est destinée à discuter des mesures à prendre » au niveau arabe pour « protéger » le peuple libyen face à l'éventualité d'un embargo aérien ou de frappes militaires ciblées comme le suggèrent avec force la France et la Grande-Bretagne si Kadhafi fait usage « d'armes chimiques » contre son peuple, croient savoir certains membres de l'Organisation. La Ligue, qui a envisagé lors d'une réunion le 2 mars, l'idée d'une zone d'exclusion aérienne, tout en restant opposée à toute intervention militaire, qui nourrirait le terrorisme, apportera-t-elle, sous la pression américaine et européenne, son soutien à ce projet franco-britannique en discussion à l'Otan et au Conseil de sécurité ? « Oui », selon le ministère français des Affaires étrangères, citant une assurance de M. Moussa à Alain Juppé, lors de leur entretien dimanche au Caire. Fort probable, à la lecture du communiqué des Etats arabes du Golfe. Menés par une Arabie Saoudite, les « six » s'alignent sur l'Organisation de la conférence islamique qui a déjà exprimé son accord. Même si, pour des raisons internes-certains font face à des appels à plus d'ouverture politique-,ils insistent sur la nécessité pour la Ligue d'apporter sa caution à une telle opération. Pour eux, le régime du colonel est « illégitime ». Tout en appelant leurs pairs à « prendre leurs responsabilités pour arrêter le bain de sang », y compris en imposant une zone d'exclusion aérienne, ils leur demandent d'engager des contacts avec le Conseil national de transition, basé à Benghazi, pour aider les Libyens à atteindre leurs aspirations. Cet appel du pied à l'action arabe est le deuxième en une semaine. Il illustre la « nécessité » pour les pays du Golfe de montrer leur solidarité avec la population libyenne face à ce qu'ils avaient dénoncé, le 22 février dernier, comme un « génocide ». En outre, la fin de non-recevoir de la Ligue, qui a exclu les représentants de Tripoli de toutes ses réunions jusqu'à ce que le gouvernement réponde aux revendications de l'opposition, a réservé hier aux émissaires de Kadhafi. Partis au Caire pour assister à cette réunion ministérielle sur la crise de leur pays et plaider la cause de leur leader, Oumran Abou-Kra'a, le ministre de l'Electricité et Salma Rachid, qui a été nommé comme représentant de Kadhafi auprès de la Ligue, ont eu droit à un « niet » suivi de possibilités de rencontres avec des membres de la Ligue « ailleurs ». Aujourd'hui au Caire, peu de ministres arabes oseront mettre en garde leurs homologues contre les retombées de toute ingérence étrangère en Libye sous couverture du dossier des droits de l'Homme ou plaideront pour une « médiation » entre Tripoli et Benghazi qui sont toutes les deux armées.