Les avions français empêchent «d'ores et déjà» les attaques des forces du colonel Mouammar Kadhafi contre la population civile à Benghazi, a annoncé hier le président français Nicolas Sarkozy. «En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du colonel Kadhafi contre la population de Benghazi. D'ores et déjà, nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville», a-t-il déclaré à l'issue du sommet international sur la Libye organisé à l'Elysée. «D'autres avions français sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés». «En l'absence d'un cessez-le-feu immédiat», les pays réunis à Paris «auront recours à des moyens militaires», a-t-il affirmé. Les principaux dirigeants du monde – Etats-Unis, Union européenne et Ligue arabe en tête – étaient réunis hier à Paris pour un sommet international sur la situation en Libye. Même son de cloche du côté de Londres, où le Premier ministre britannique, David Cameron, a estimé que le temps était venu de «passer à l'action» en Libye. «C'est Kadhafi qui l'a voulu. Il a menti à la communauté internationale, il a promis un cessez-le-feu, il a rompu le cessez-le-feu. Il continue de brutaliser son propre peuple. Il est donc temps de passer à l'action. C'est urgent», a déclaré le Premier ministre conservateur lors d'un bref entretien à la BBC et à SkyNews. Pour sa part, Berlin a réitéré son refus de participer aux opérations militaires en Libye même si Angela Merkel a reconnu la nécessité de mettre fin à la violence. A ce propos, les forces de loyales à Kadhafi ont mené hier des frappes au cœur du territoire tenu par l'opposition, bombardant des faubourgs de Benghazi (est) en dépit du cessez-le-feu annoncé la veille par Tripoli. Le colonel Kadhafi a averti les dirigeants internationaux qu'ils «regretteraient» toute ingérence en Libye. D'après un premier bilan et selon des sources médicales à l'hôpital Jala de Benghazi, il y a eu 26 morts et 40 blessés. Cependant, le porte-parole du gouvernement libyen a déclaré que les forces de Mouammar Kadhafi n'ont effectué aucune intervention militaire à Benghazi, accusant l'opposition d'avoir violé la trêve alors qu'il s'agit d'un cessez-le-feu unilatéral. Images à l'appui, les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont non seulement attaqué Benghazi mais elles ont également avancé hier après-midi sur Zenten. Elles ont pilonné les abords de cette ville au sud-ouest de Tripoli sous contrôle de l'opposition, poussant ses habitants à fuir. Zenten avait déjà été le théâtre d'affrontements violents jeudi soir et vendredi matin. Mais à en croire le régime de Tripoli, des Libyens s'offrent en boucliers humains. Des foules de Libyens convergent sur des cibles potentielles d'une intervention militaire étrangère, a affirmé hier l'agence officielle de presse Jana. Celle-ci a précisé en outre qu'il s'agit d'objectifs que pourrait attaquer la France. Quoi qu'il en soit, l'intervention militaire a bel et bien été lancée par la France en attendant que les pays de la coalition internationale joignent leurs efforts de guerre contre le régime de Tripoli. Avec le seul objectif de venir en aide à un peuple en «danger de mort», «au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes», a dit Nicolas Sarkozy.