Le conseil de sécurité de l'ONU examine le projet de résolution, notamment défendu par la France. Le conseil de sécurité de l'ONU examine jeudi le projet de résolution prévoyant l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, défendue par la Grande-Bretagne, la France et les pays arabes. Pour mieux appuyer la position de la France, le chef de la diplomatie Alain Juppé s'est rendu en personne à New York. Le ministre français des Affaires étrangères entend faire pression sur les grandes puissances qui, comme la Russie, restent réticentes à l'idée d'autoriser une intervention de type militaire en Libye, dont une zone d'exclusion aérienne. La veille, Nicolas Sarkozy avait appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à prendre ses responsabilités en imposant « sans délai » une zone d'exclusion aérienne en Libye pour mettre fin aux « actions meurtrières » de Mouammar Kadhafi. Vers des raids aériens ciblés ? Des raids aériens ciblés pourraient intervenir dans la nuit de jeudi à vendredi sur des positions de l'armée libyenne, dès l'obtention d'un feu vert de l'ONU à un recours à la force, ont annoncé des sources proche du dossier et diplomatiques françaises. Le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU « autorise les Etats membres (…) à prendre toutes les mesures nécessaires (…) pour protéger les civils et les zones peuplées de civils sous la menace d'attaques » par les forces du colonel Mouammar Kadhafi, souligne le texte. Le projet de résolution « décide d'établir une interdiction de tous les vols dans l'espace aérien » de la Libye « de manière à aider à protéger les civils », ajoute le projet. Une coalition militaire France-Grande-Bretagne Dans la nuit de mercredi à jeudi, il semblerait que les Etats-Unis aient donné leur accord pour une résolution plus musclée, qui autorisera les Etats qui le souhaitent à utiliser la force pour protéger les populations civiles en Libye, selon les informations d'Europe 1. « Ce qui est en jeu aujourd'hui c'est l'arrêt des violences en Libye, la France est mobilisée depuis des semaines sur ce terrain-là », a déclaré Bernard Valero, au micro d'Europe 1. En cas de feu-vert onusien, le texte serait suffisant pour que la France et la Grande-Bretagne montent très rapidement une coalition militaire afin de porter secours, peut-être dès ce week-end, aux rebelles libyens à Benghazi, selon les informations d'Europe 1. Bataille de communication Sur place la situation reste confuse. Au-delà des combats sur le terrain, une bataille de communication fait rage. La télévision d'Etat libyenne a affirmé jeudi que les forces de Mouammar Kadhafi avaient pris le contrôle de Misrata, l'un des derniers bastions des rebelles à quelque 200 km à l'est de Tripoli. Mais les insurgés libyens ont démenti aussitôt cette annonce de la télévision officielle. Mercredi soir, le colonel Kadhafi avait affirmé que ses troupes allaient livrer jeudi « une bataille décisive » pour reprendre Misrata, troisième ville du pays peuplée de 500.000 habitants. Déjà mercredi, les loyalistes au régime ont mené une offensive sur Misrata faisant au moins quatre morts et une dizaine de blessés, mais les rebelles avaient tenu bon. Kadhafi aux portes de Benghazi Simultanément, les armées de Kadhafi menacent de reprendre Benghazi. Les troupes gouvernementales ont affirmé mercredi soir avoir « purgé » la ville d'Ajdabiya de ses rebelles. Cette localité, bombardée par air et terre, est le dernier verrou des opposants à 160 km au sud de leur fief de Benghazi, siège des opposants. Ces combats à Ajdabiya auraient fait au moins une trentaine de victimes civiles, dont des femmes, personnes âgées et des enfants. Et à Benghazi, où des tirs d'artillerie ont déjà été entendus la veille, une autre bataille d'envergure, et décisive, se profile. La télévision officielle a annoncé que l'armée avait atteint les faubourgs de la ville. Des coups de feu et des explosions ont été entendus jeudi autour de l'aéroport. Et les rebelles affirment avoir abattu deux avions des forces de Kadhafi L'armée libyenne a appelé la population de la deuxième ville du pays à s'éloigner des positions tenues par les insurgés et des dépôts d'armes. « Des crimes contre l'humanité » Les victimes civiles semblent se multiplier. Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen a déclaré jeudi que les attaques du régime libyen contre des civils pouvaient constituer des crimes contre l'humanité.