«Nous allons installer des tentes sur la route et les occuper en compagnie de nos familles jusqu'à obtention des logements», menacent les citoyens des quartiers El Mahçoul et Confort, à El Madania, à Alger, qui nourrissent une colère vis-à-vis des autorités locales qualifiées de «menteurs» en raison des promesses non tenues. «Les hautes autorités ont réussi des exploits lorsqu'il s'agissait de football ou de danse et se sont même permis de faire des dons aux pays étrangers mais n'ont rien fait devant le cri de détresse des milliers de familles qui vivent en deçà du seuil de l'indécence et de la précarité», s'exclame un vieil homme d'une voix grave qui fustige dans son sillage «les comités des quartiers qui ont perdu toute crédibilité depuis 1982, date à laquelle les promesse de relogement ont été faites». La plupart des jeunes que nous avons rencontrés au quartier El Mahçoul de décolèrent pas. Ils n'aspirent pas à la violence et ne désirent pas affronter les forces de police. Bien au contraire, ils affirment que «ces derniers ont versé dans la provocation et ont utilisé des bombes lacrymogènes contre les citoyens et contre les habitations». Lors des affrontements successifs, en nocturne, plusieurs citoyens de même que des policiers ont été gravement blessés. Le jeune Toufik Baâli, résidant à Confort, a lourdement payé le tribut en perdant un œil. Il est actuellement hospitalisé au CHU Mohamed Lamine Debaghine de Bab El Oued. Même bilan du côté des forces de l'ordre. La tension était vive hier au sein des deux quartiers. Les citoyens tous âges confondus prêtent le serment de ne pas donner du lest en maintenant la pression. Afin d'éviter l'affrontement avec les forces de l'ordre, ils se concertent d'une manière tonitruante. «Nous allons installer des tentes sur le boulevard et les occuper en compagnie de nos familles pour attirer l'attention des hautes autorités du pays afin qu'elles prennent en considération nos revendications légitimes de vivre sous un toit décent», affirment des jeunes et moins jeunes qui déplorent, du bout des lèvres, les fâcheuses conséquences qui ont découlé des nuits d'affrontements précédentes. «Le maire n'est pas représentatif, et au sein des APC, seule la loi de la tchipa s'érige en règle absolue», disent certains. Pour l'heure, jeunes, vieux de même que certaines mères de familles promettent de faire valoir leurs revendications. «La route ne sera pas rouverte jusqu'à obtention de logements», disent-ils. Ils lancent un message au président de la République au travers d'une banderole accrochée sur un immeuble faisant face à la route et à la stèle Riadh El Feth. Une large banderole sur laquelle est mentionné : «Bouteflika hass bina lakhar fina fi cousina (regarde nous car le meilleur vit dans une cuisine).»