Selon certains contestataires, le président de l'APC leur avait promis des logements en contrepartie de leur implication dans la “casse” de la manifestation organisée le 5 mars dernier par la CNCD. Une promesse qui s'ajoute à d'autres, bien plus anciennes et toujours non tenues. Après une nuit agitée, ils étaient, hier encore, des centaines de citoyens à manifester leur colère devant l'APC d'El-Madania, à Alger, et à réclamer justice sociale. Durant la nuit de lundi à mardi, ils avaient installé des barricades empêchant l'accès à l'APC avant de passer la nuit devant le siège de l'APC. “C'est le problème du logement et les fausses promesses qui feront tomber ce système”, dira d'emblée Hassen. Z. Natif d'El-Madania, il vit dans un appartement de 27m2 à la cité El-Bahia depuis 54 ans. “Ces cités font partie du plan de De Gaulle destiné aux “indigènes” de l'époque coloniale. Mes parents ont habité ici depuis 1958 et nous y sommes restés jusqu'à aujourd'hui”, raconte-t-il. Il n'est pas le seul à vivre dans cette situation mais des centaines, voire des milliers, dans la commune d'El-Madania. Pourtant, on leur avait promis des logements depuis 1982, puis en 1985, puis en 2007, la dernière promesse remonte, selon eux, au début de ce mois de mars. L'automne est passé, l'hiver s'est installé et bientôt le printemps, et rien n'a changé dans ces favelas. “Le président de l'APC nous a promis de régler notre problème de logement à condition de ne pas participer à la marche pacifique de la CNCD prévue à El-Madania le 5 mars dernier, et nous a même demandé d'empêcher cette coordination de mener son action”, nous ont dit plusieurs jeunes, hier, sur place. Leurs mères souligneront que de surcroît des “primes” allant de 2 000 à 5 000 dinars ont été distribuées. Ils diront, également, que leur commune a reçu, il y a près d'une semaine, le premier responsable du FLN, M. Abdelaziz Belkadem qui s'est même prononcé sur les problèmes de la commune d'El-Madania, dont celui du logement. “Cela fait trop longtemps qu'on attend d'être relogés. Les deux cités de Garidi étaient destinées à reloger les habitants de la cité El-Bahia et notamment ceux de Diar El-Mahçoul. C'est parce que nous sommes pacifiques et que nous n'avons pas provoqué des émeutes que nous n'aurons pas de logements dignes”, disent-ils encore. Et d'ajouter : “Lorsque le gouvernement avait besoin de nous au Soudan, nous avons répondu présent et eux ne peuvent même pas tenir une promesse.” Selon des membres du comité de quartier, la goutte qui a fait déborder le vase, cette fois-ci a été les propos du P/APC. “Nous avons rencontré le P/APC, il y a trois jours de cela, pour discuter du problème de relogement et il a tenu un tout autre discours. Il nous a dit que les nouveaux résidents de cette commune étaient prioritaires dans l'acquisition de logements sociaux”, s'indigne un membre du comité. Afin de faire valoir leur “droit”, les habitants de la cité El-Bahia ont donc opté pour “la manière forte”. Tout a commencé lundi vers 19h. Des centaines d'habitants de la cité El-Bahia sont sortis dans la rue pour crier leur colère et leur indignation. Ils ont carrément installé des barricades au niveau de la placette El-Fidaâ bloquant ainsi l'accès au siège de l'APC. Les jeunes de cette cité ont passé la nuit dehors à accrocher leurs banderoles. Hier matin, l'accès à la placette était encore bloqué par les barricades et les pneus brûlés, signes d'une nuit houleuse. Une banderole est accrochée à l'entrée principale du siège de l'APC. “Le président nous a promis la fierté et la dignité, nous avons eu le mépris et l'oppression.” Après une nuit de contestation et malgré le renouvellement des promesses des autorités locales, les citoyens de cette commune ne décolèrent pas et exigent d'être reçus par le wali. Une délégation s'est ainsi dirigée au siège de la wilaya d'Alger afin de débattre du sujet de relogement dans la commune d'El-Madania. Après une heure de discussion, le wali d'Alger leur fait une promesse à son tour : une commission viendra recenser les habitants de la cité El-Bahia dans une quinzaine de jours… en attendant d'autres décisions. Une promesse jugée trop insignifiante par certains contestataires qui se disent fatigués de vivre encore une semaine de plus dans des “cages à poules”. “Nous ne voulons plus de promesses, cela fait trop longtemps qu'on vit dans des logements insalubres, hygiène déplorable, promiscuité insoutenable et cela fait trop longtemps que le P/APC et ses copains nous bernent avec des fausses promesses pendant qu'ils se partagent nos logements”, s'indigne Zakaria K. Les habitants d'El-Madania menacent de durcir leur action, en organisant un mouvement de contestation dans les prochains jours. Ils accusent, par ailleurs, le président de l'APC ainsi que son secrétaire général d'avoir “détourné des logements” et réclament le retrait de confiance aux élus impliqués.