Contrairement à la guerre en Afghanistan, l'opération menée en Libye par les Etats-Unis sous mandat des Nations unies suscite un nombre de critiques croissant de la part des républicains. La présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, a déploré que le président Barack Obama n'ait pas clairement expliqué au peuple américain en quoi la sécurité nationale du pays était menacée par la Libye. «S'en remettre aux Nations unies et engager nos effectifs militaires pour faire appliquer le 'mandat de la communauté internationale' crée un dangereux précédent», a-t-elle estimé. Ileana Ros-Lehtinen a au contraire défendu la semaine dernière à la Chambre l'engagement en Afghanistan pour lutter contre Al Qaïda. Une résolution bipartisane appelant au retrait des forces américaines dans le pays a été largement rejetée, par 321 voix contre 93. Alors que les sénateurs John McCain ou Lindsey Graham ont appelé à agir pour empêcher Mouammar Kadhafi d'écraser la rébellion, une partie des détracteurs du gouvernement sont issus de la mouvance ultraconservatrice du Tea Party. «Nous sommes actuellement engagés dans deux guerres et je ne crois pas que nous ayons vraiment besoin d'une troisième guerre», a déclaré le sénateur Rand Paul, élu en novembre dernier dans le Kentucky avec le soutien du Tea Party. «Les Américains paieront n'importe quel prix pour assurer la sécurité du pays. Mais il n'y a pas de danger clair et actuel et le coût pourrait devenir un problème», a renchéri Jason Chaffetz, réélu à la Chambre avec l'appui de l'ultra-droite. L'opposition républicaine, qui contrôle la Chambre des représentants depuis les dernières élections de mi-mandat, juge aussi que l'administration Obama ne l'a pas assez consultée. Des élus réclament un débat, éventuellement suivi d'un vote sur l'action américaine en Libye. Soucieux de trouver un équilibre entre la crise libyenne et ses propres priorités de politique intérieure, à commencer par la lutte contre le chômage, Barack Obama a adressé une lettre au Congrès expliquant que l'objectif américain était l'application de la résolution 1973 du Conseil de sécurité, votée jeudi, qui autorise le recours à la force pour protéger les populations civiles libyennes. «Les frappes seront limitées dans leur nature, leur durée et leur étendue», a-t-il souligné. En visite au Chili, le président américain a ajouté que les Etats-Unis cèderaient rapidement, dans les jours à venir, le commandement de l'assaut contre les forces libyennes. Si Barack Obama a répété que Mouammar Kadhafi «doit partir», le chef du Pentagone Robert Gates a déclaré que seul le peuple libyen déciderait de son propre avenir.