Les Etats-Unis souhaitent que l'Onu adopte la décision d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, au moment où les délibérations internationales se font de plus intenses sur cette question. "Nous pensons qu'il est important que l'Organisation des Nations unies, et non pas les Etats-Unis, prenne cette décision (de créer une zone d'exclusion aérienne). Et jusqu'à présent, l'Onu ne l'a pas fait", a déclaré mardi la secrétaire d'Etat Hilary Clinton dans une interview à la chaîne de télévision Sky News. Sur ce point, elle a indiqué que la France et la Grande-Bretagne préparaient un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'Onu imposant une telle zone. Selon elle, "les pays du Golfe ont fait part de leur appui à une zone d'exclusion aérienne tout comme la Ligue arabe a indiqué qu'elle ne s'y opposerait pas". De son coté, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a affirmé que l'adoption et la mise en œuvre d'une zone d'exclusion aérienne impliquait certaines questions "complexes" et certaines "réalités" qui devraient être examinées: "Il s'agit d'une option que nous envisageons activement, mais elle porte en elle certaines complexités et autres enjeux dont tout le monde doit être conscient". Pour lui, le président Barack Obama "est convaincu qu'il est important et précieux que la communauté internationale parle d'une seule voix et agisse de concert sur les événements en Libye". A ce propos, le président américain s'était entretenu mardi soir avec le Premier ministre britannique David Cameron sur la situation en Libye. Ils se sont mis d'accord "pour aller de l'avant dans la planification, y compris au sein de l'Otan, pour une gamme de réponses possibles dont la surveillance, l'assistance humanitaire, l'application de l'embargo sur les armes et une zone d'exclusion aérienne", a précisé la Maison Blanche. Les deux dirigeants "ont convenu que l'objectif commun en Libye est l'arrêt immédiat de la violence, le départ d'El Gueddafi du pouvoir au plus tôt, une transition qui répond aux aspirations du peuple libyen pour la liberté, la dignité, et un gouvernement représentatif". Par ailleurs, les conseillers à la sécurité nationale du président américain devraient se réunir mercredi à la Maison-Blanche afin d'examiner les "ramifications" d'une zone d'exclusion aérienne sur la Libye ainsi que les "options militaires", selon des responsables américains. Le chef de la CIA, Leon Panetta, et Hillary Clinton devront également prendre part à cette réunion. Cepedant le Secrétaire d'Etat à la Défense, Robert Gates, reste réticent à une telle décision et son opinion "n'a pas changé", a fait savoir son porte-parole qui voyageait avec lui mardi en Afghanistan pour rendre visite aux troupes de la coalition. M. Gates "ne s'oppose pas à une zone d'exclusion aérienne, mais a soulevé des inquiétudes en considérant que cela pourrait ne pas être aussi facile et efficace comme certains le prétendent". Même avis partagé par le sénateur Richard Lugar, le doyen républicain de la commission sénatoriale des relations étrangères: "l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne sera un coûteux acte de guerre. Les Etats-Unis ne devraient pas se lancer dans une intervention militaire dans un autre pays musulman, sans réfléchir longuement et sérieusement aux conséquences". Avec un mandat de l'ONU qui est loin d'être acquis en raison des droits de veto, au sein du Conseil de sécurité, de la Russie et de la Chine qui ont fait part de leur opposition, l'administration Obama et l'OTAN sont à la recherche d'autres appuis. Selon un représentant de l'OTAN cité par le Washington Post, si cette initiative aura "un soutien de la Ligue arabe, de l'Union africaine, de l'OTAN et de l'Union européenne cela lui conférera une certaine légitimité". Mais pour un responsable américain cité par le même quotidien, "l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne a une valeur symbolique potentielle d'effrayer El Gueddafi et de l'amener à partir. Mais si cela ne fonctionnait pas? Sommes-nous prêts à entreprendre une prochaine étape?".