Le rapport a été rédigé par dix experts de l'OEA, arrivés en Haïti fin décembre, et qui a été remis hier soir aux autorités locales. L'Organisation des Etats américains (OEA) préconise que Jude Célestin, le candidat du pouvoir, quitte la course à la présidentielle haïtienne, dans un rapport dont a eu vent un diplomate de l'ONU lundi, à deux jours du premier anniversaire du séisme du 12 janvier 2010. Le texte très attendu est un rapport d'évaluation du premier tour contesté de la présidentielle. Il a été rédigé par dix experts de l'OEA, arrivés en Haïti fin décembre, et qui devaient remettre ce rapport lundi soir aux autorités locales. Interrogé par des journalistes, le président sortant René Préval s'est refusé à tout commentaire sur ce rapport qui prône l'élimination de M.Célestin, considéré comme très proche de lui. «Je ne vais pas commenter les recommandations relayées par la presse. Je n'ai pas encore reçu ce rapport, il n'est pas officiel», a déclaré M.Préval. La mission de l'OEA est d'avis que le chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position, demeure dans la course, selon cette source diplomatique qui a tenu à conserver l'anonymat. «Il sera très difficile pour Préval d'ignorer cette recommandation», a déclaré cette source. L'annonce des résultats du premier tour de la présidentielle du 28 novembre avait provoqué des violences dans le pays, amenant M.Préval à commander ce rapport à l'OEA, considérée comme un arbitre impartial à même de calmer le jeu. Selon les résultats proclamés début décembre par le Conseil électoral, l'ex-première dame Mirlande Manigat était arrivée en première position avec 31% des voix, devant Jude Célestin (22%). Michel Martelly, qui conteste ces résultats, était arrivé de justesse en troisième position avec 21% des voix et n'avait donc pas été qualifié pour le second tour, au grand dam de ses partisans qui avaient manifesté violemment dans l'ensemble du pays. Un deuxième tour est en principe prévu dimanche, mais le délai semble impossible à tenir. Selon des sources diplomatiques, les ambassadeurs des pays amis d'Haïti (Etats-Unis, Brésil, Canada, France...) comptent appeler M.Préval rapidement après la remise du rapport de l'OEA afin de discuter de ses conclusions. Face au risque de nouvelles violences après la publication du rapport de l'OEA, l'ambassadeur des Etats-Unis, Kenneth Merten, a émis l'espoir que «tout le monde garde la tête froide». Devant la presse, M.Préval a révélé que le 28 novembre, lors du premier tour des élections, la communauté internationale lui avait proposé de partir. «Le jour des élections, on m'a offert un avion, j'ai dit non, que je ne partirais pas», a déclaré M.Préval, dont le mandat s'achève en principe le 7 février. Le processus électoral chaotique que connaît Haïti n'aide pas le pays à se relever, à deux jours du premier anniversaire du séisme qui a tué plus de 220.000 personnes. Un an plus tard, la reconstruction ne progresse que très lentement. Selon l'Organisation internationale pour les migrations, plus de 800.000 Haïtiens vivent toujours dans des camps de réfugiés dans des conditions très difficiles. A cela s'ajoute une épidémie de choléra qui a tué 3732 personnes, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé publique. Lundi, la présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre américaine des représentants, la républicaine Ileana Ros-Lehtinen, a indiqué qu'elle se rendrait mardi (hier) en Haïti.