Cinquième jour de l'intervention de la coalition internationale et, enfin, un accord qui pourrait remettre de l'ordre dans les rangs de la maison Otan. L'Alliance atlantique nord aura seulement un rôle technique. La coalition, conduite par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, conservera le pilotage politique des opérations militaires en Libye, a déclaré hier la France. «Les discussions avec nos alliés sont en cours de finalisation, donc je n'irai pas plus dans le détail, parce que ce n'est pas encore totalement bouclé», a expliqué le porte-parole du gouvernement de Paris. Nicolas Sarkozy ne passerait pas l'occasion d'en parler vendredi prochain à Bruxelles à l'occasion du conseil européen. L'organisation du Danois Rasmussen se contentera-t-elle de la mission de surveillance de l'embargo sur les armes ou aura-t-elle à gérer d'autres segments dans le dispositif mis en place par les coalisés ? L'essentiel est de pouvoir coordonner les efforts de chacun alors que la première réunion du groupe de contact sur la Libye se tiendra mardi prochain à Londres, annonce Alain Juppé. Mais ce qui est certain c'est que le temps presse pour l'opposition qui peine encore à s'affirmer face aux forces loyalistes de Kadhafi. En chef de guerre, le guide de la Jamahiriya a promis, à partir de Bab El Azizia, une défaite cuisante à la coalition qui n'aurait aucun justificatif valable qui lui permettrait de s'attaquer à la Libye. Le commandement américain ne l'entend pas de cette oreille. Prévus pour être de «courte durée», selon les dires d'Alain Juppé, le nouveau patron de la diplomatie française, les bombardements ne cesseront qu'une fois les forces fidèles au colonel Kadhafi auront observé un cessez-le-feu total. Ce qui n'est pas le cas depuis le début des hostilités. Hier encore, ces mêmes forces ont repris le bombardement de la ville de Zenten, à l'ouest libyen, non loin de la frontière tunisienne. Aucun bilan des pertes humaines n'a été disponible. Ce qui obligerait la coalition à ne plus se contenter d'étendre la zone d'exclusion aérienne, en visant les seules bases et défenses antiaériennes de Mouammar Kadhafi dans l'ouest et de s'attaquer aux troupes loyalistes au sol dans le but de les empêcher de s'en prendre aux rebelles et aux civils. Effectivement, la coalition internationale va viser les chars de Mouammar Kadhafi pour arrêter leur avancée sur les villes aux mains de l'opposition en Libye, a indiqué un contre-amiral de l'US Navy. Une action entreprise hier a donné des résultats plutôt satisfaisants. Des avions de la coalition ont frappé un secteur de Misrata où sont basées des forces pro-Kadhafi. Ces raids aériens ont entraîné un arrêt des tirs de l'artillerie et des blindés de Kadhafi sur Misrata où dix-sept personnes dont cinq enfants ont été tuées mardi par des tirs de snipers et d'obus, selon un médecin de l'hôpital principal de la ville. Des tireurs embusqués qui auraient ouverts hier le feu sur un hôpital, faisant au moins trois morts et trois blessés graves. D'autres tireurs embusqués auraient tué deux personnes dans le centre de la ville. Ces informations n'ont pu être vérifiées. Ce qui confirme le scénario tant redouté par les experts militaires. Soit le positionnement des troupes de Kadhafi au cœur des villes, parmi les civils, ce qui rendrait la mission des coalisés quasi impossible. Déjà que l'intervention internationale, dans son schéma actuel, donne droit à tant de critiques de part le monde et ce même si la France s'est dépêchée à rectifier le mauvais tir du Premier ministre britannique qui avait refusé d'exclure l'envoi de soldats de Sa Majesté en Libye. Ce déploiement n'est pas envisagé, la coalition internationale a choisi d'opérer par air et par mer afin de contraindre Kadhafi à l'immobilité militaire. Après les premiers bombardements contre les positions des forces loyales à Misrata, les seconds concerneront-ils la ville d'Adjdabiya que les opposants n'arrivent toujours pas à reconquérir par la faute de moyens militaires égaux à celui de leur ennemi ? Rien n'a filtré à ce sujet, pourtant, les opposants au régime de Tripoli ont tant besoin du soutien aérien pour faire bouger la ligne de front en leur faveur. Les combats entre les forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et les rebelles ont fait encore rage hier près d'Adjdabiya. Ce qui a fait fuir les civils de cette ville clé de l'est libyen. Les coalisés vont-ils voler au secours de l'opposition qui s'est dit ne pas être une armée. Ainsi, l'opposition libyenne a demandé à la coalition de continuer son intervention et de bombarder «les avions, les chars, toutes les armes lourdes de Kadhafi», a déclaré un porte-parole de l'opposition à Paris, au micro d'Europe 1. Le peuple de Tripoli serait prêt à se soulever «si aujourd'hui on élimine les armes lourdes et les chars». L'opposition ne souhaite pas en revanche d'intervention au sol. Basée à Benghazi, elle a formé hier un gouvernement avec Mahmoud Jibril, ex-ministre des Affaires étrangères, comme Premier ministre. Sur le plan diplomatique, le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, actuellement à la tête de l'Union africaine, a appelé «tous les acteurs à travailler ensemble pour faciliter l'arrêt des hostilités» en Libye.