La signature, en 2005, de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) a été un fiasco pour notre économie nationale. C'est le constat unanime des experts, des chercheurs, des opérateurs économiques et des militants des différents partis politiques qui ont pris part à la journée parlementaire organisée hier à l'APN, traitant du thème «L'accord d'association et son impact sur l'économie nationale». Une telle association, dont l'objectif principal se rapportait à la création d'une zone de libre-échange entre l'Algérie et les 27 pays d'Europe, s'est avérée être «un échec pour notre pays», tonne d'entrée l'expert Abdelamalek Serrai. Ce dernier soutient qu'à l'époque de la signature du document, cela paraissait être «un succès politique» compte tenu, a-t-il argué, du contexte d'isolement dans lequel se confinait l'Algérie. Mais par la suite, poursuit encore le même intervenant, «il se trouve que nous sommes perdants à 80% » a-t-il indiqué. Pis encore, «certaines dispositions contenues dans l'accord d'association sont même attentatoires à notre souveraineté nationale», a-t-il ajouté, déplorant au passage le fait que des erreurs graves ont été commises dans la mise en application de cet accord qui, selon lui, a été négocié sans consultation avec toutes les parties concernées. Il est urgent, préconise encore le même expert, «de remettre sur la table des négociations l'intégralité du contenu de l'accord d'association». Evoquant l'impact de l'accord d'association sur l'économie algérienne, l'expert Mustapha Mekideche à, quant à lui, mis en exergue l'opposition farouche de l'Union européenne à l'industrialisation de l'Algérie. Sur le plan énergétique, ce second intervenant a révélé que l'UE «exerce actuellement des pressions sur l'Algérie pour obtenir la désindexation des prix du gaz sur ceux du pétrole». Mekideche est convaincu que l'accord d'association constitue une remise en cause des contrats à long terme du gaz naturel paraphés entre l'Algérie et des pays européens. Et ce n'est pas tout. «Le principe de libre circulation des personnes et le soutien de l'Algérie dans le cadre du processus d'adhésion à l'OMC sont exclus de l'accord d'association», a-t-il également dénoncé. Il a tenu en outre à préciser que dans le cadre de la mise en application de ce document, les Européens ont fermé les portes à toute initiative d'investissement algérien sur leur sol, comme en atteste «le refus exprimé pour Sonatrach de prendre pied dans le marché européen de distribution du gaz». Un génocide industriel en Algérie Pour sa part, l'universitaire Benyoucef Abdellah fera savoir au cours de son intervention que la signature de l'accord d'association a provoqué un véritable génocide dans le domaine de l'industrie algérienne. Un constat qu'appuie le député Ramdane Taâzibt du PT qui a souligné que depuis la signature de ce document, quelque 45 produits industriels ont disparu, une quinzaine de filiales relevant du même secteur ont connu une cessation d'activité et pas moins de 400 000 postes d'emploi perdus. Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, a insisté dans son intervention sur la nécessité «de rétablir les barrières douanières et de privilégier la préférence nationale». A ce propos, beaucoup parmi les intervenants étaient unanimes à dire que le démantèlement tarifaire imposé par l'accord d'association n'a finalement profité qu'aux pays membres de l'Union européenne qui ont vu leurs exportations vers l'Algérie augmentées de 80%. Le manque à gagner pour notre pays est estimé à 2,5 milliards de dollars annuellement, signale-t-on. Une telle perte sèche pour le Trésor public est le résultat des mesures de défiscalisation, a-t-on conclu.