Les manifestants syriens se sont à nouveau rassemblés hier, après la grande prière, pour manifester contre le parti Baath au pouvoir, et ce, malgré le discours du président Bachar Al Assad et l'annonce des premières mesures, comme la création d'une commission chargée d'enquêter sur la levée de l'état d'urgence et l'enquête sur les morts à Deraa et Lattaquié. Et ce n'est plus la ville de Deraa qui est la seule concernée, mais la capitale, Damas, et les deux grandes villes portuaires de Banias et Lattaquié. Plusieurs centaines de personnes sont descendues dans les rues de la capitale et sa périphérie. Des habitants ont rapporté qu'à Douma, un faubourg de Damas, les forces de sécurité avaient utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants, ainsi qu'à Banias et Lattaquié, a rapporté la chaîne Al Arabiya. Les forces de l'ordre et les partisans du président Bachar Al-Assad étaient présents en nombre aux abords des mosquées, ont précisé les militants syriens. «Le régime emploie une nouvelle tactique. Ce ne sont plus seulement les forces de sécurité qui font face aux manifestants, mais ils sont tout aussi brutaux», a déclaré l'un d'entre eux. En outre, les manifestations concernent pour la première fois la population kurde. «Plusieurs centaines de personnes ont défilé pacifiquement dans les rues après la prière de vendredi à Qamishli et Amouda en scandant : «Nous ne voulons pas seulement la nationalité mais aussi la liberté», et «Dieu, la Syrie et la liberté», a déclaré le président du comité kurde pour les droits de l'Homme. «A Hassaké, 150 à 200 personnes ont manifesté avec les mêmes mots d'ordre avant d'être dispersées par les forces de securité», a-t-il ajouté. Qamishli et Amouda sont deux villes à majorité kurde situées à 700 km au nord-est de Damas, près de la frontière turque, alors que Hassaké se trouve à 600 km au nord-est. Pour sa part, l'administration américaine a invité ses ressortissants à quitter la Syrie, théâtre d'un mouvement de contestation sans précédent depuis deux semaines. «Le département d'Etat met en garde les citoyens américains de la possibilité de troubles politiques et civils en Syrie», a indiqué une note de la diplomatie américaine. Les Américains sont appelés à éviter en particulier les villes de Lattaquié et Deraa au nord, où ont eu lieu des violences meurtrières. «Les tentatives syriennes d'attribuer les troubles actuels à des influences extérieures risquent d'accroître le sentiment hostile aux étrangers», a averti encore le département d'Etat : «Les citoyens américains arrêtés risquent d'être accusés d'incitation à la violence ou d'espionnage». La diplomatie américaine avait annoncé mardi l'arrestation de trois citoyens américains ces derniers jours à Damas, l'un d'entre eux ayant ensuite été relâché. Les médias officiels syriens avaient annoncé dimanche l'arrestation d'un ressortissant américain, présenté par ces médias comme ayant incité à des manifestations contre le pouvoir. Les Etats-Unis ne sont pas satisfaits. Le discours prononcé mercredi dernier par Bachar Al-Assad manque de contenu et ne répond pas aux exigences de réformes politiques formulées par le peuple syrien, a jugé le département d'Etat américain.