Le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire a ouvert hier au Palais des nations (Club des Pins-Alger), les travaux de la Conférence nationale sur le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat). Les travaux se sont déroulés tout au long de la journée d'hier. Dans une brève intervention, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a indiqué que le «Snat retrace la stratégie politique engagée par l'Etat à l'horizon 2030. Les défis sont la reconquête du territoire (…) et l'instauration d'un dialogue permanent entre les différents acteurs». Sur sa lancée, il a affirmé que «l'Etat unitaire repose sur les communes. Sa consolidation doit être garantie par des outils juridiques (…). L'Etat, à travers le Snat, pense aux générations futures». Dans un long exposé présenté aux membres du gouvernement, walis, ambassadeurs et représentants de différents organismes, institutions et patronat, le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, Chérif Rahmani, a indiqué : «Le Snat est le fruit de 7 ans de travail. 17 rapports thématiques ont été élaborés.» Pour lui, «le Snat est un grand projet territorial. Il jouera le rôle d'unificateur et sera un support de planification stratégique». «C'est un juste dosage entre l'utopie et le réalisme», selon l'expression qu'il a utilisée. «Le Snat a traité toutes les questions liées à la sociodémographie. Il a identifié les forces et les faiblesses du territoire (…) 20 programmes d'actions territoriaux, schémas d'espaces de planifications territoriales et 48 plans d'aménagement de wilayas ont également été élaborés dans le cadre du Snat», selon M. Rahmani. Le ministre a dans le même sillage présenté «les aspects pouvant comprendre les flux des migrations intérieures, comme le plausible scénario de l'exode des populations du Tell vers les villes à la recherche d'emplois». En tout, «il est prévu le déplacement de 14 millions d'Algériens vers les grandes villes à l'horizon 2030. Mais ceci ne se fera pas sans conséquences». «Dans les Hauts-Plateaux, a-t-il estimé, il y aura une sédentarisation de nouvelles populations en raison des périodes de sécheresse», ajoutant qu'en 2030, «de très grandes villes dépasseront les 300 000 habitants et les villes moyennes vont doubler en densité». Sur un point similaire, le ministre a avancé «l'apparition de futurs risques, entre autres climatiques». En tout, ce sont 10 risques qui sont à appréhender à l'avenir. Quant à la problématique de l'urbanisation, il a estimé qu'«il faudrait qu'elle soit en profondeur, car sur 1200 km de littoral, le béton a déjà accaparé 436 km». Toujours dans le volet des risques, l'écosystème sera constamment menacé par 7 risques majeurs. Les parts calculées des dédommagements seront faramineuses. 78% des demandes d'investissements se concentrent dans le Nord. Pour le ministre, «les solutions existent, mais l'application du Snat doit commencer dès maintenant (…) Il faudrait inciter les investisseurs à diriger leurs placements dans la région des Haut-Plateaux et le Grand Sud, car actuellement, plus de 78% des demandes d'investissements se concentrent dans le Nord». Un chiffre parmi tant d'autres, selon les rédacteurs du Snat. «Il faudrait créer 1 650 000 emplois et construire 220 000 logements durant les 5 prochaines années.» «Le déplacement des institutions, non pas les ministères, et les activités peu opportunes sont des alternatives pour équilibrer la balance démographique», pensent les concepteurs du Snat. Enfin, quant à la question de savoir pourquoi le Snat a été fixé à 20 ans seulement, M. Rahmani a affirmé que cette problématique a été soulevée au sein des groupes de travail. Il y en avait qui étaient pour et d'autres contre. Il est vrai que des pays comme les Etats-Unis dessinent leur stratégie sur 50 ans, mais de notre côté, nous avons préféré tracer le Snat sur 20 ans, car il concernera la génération future».