Les travailleurs de l'entreprise du coton hydrophile Socothyd des Issers, dans la wilaya de Boumerdès, ne décolèrent pas. Après avoir tenté d'observer plusieurs actions de protestation, notamment des sit-in, devant les institutions et la tentative d'immolation devant la direction générale de l'entreprise, trois travailleurs sur les 25 licenciés en 2006 suite à une grève illimitée ont enclenché une grève de la faim hier devant le siège de la SGP Gephac, à Hussein Dey, à Alger, pour réclamer leur réintégration. Leurs collègues, au nombre de 22, ont observé parallèlement un rassemblement devant cette SGP en signe de soutien à leurs compagnons et réclamé également leur réinsertion. L'un des travailleurs joint par téléphone nous dira que les portes du dialogue demeurent fermées. «Ils ont refusé de nous recevoir. Ils nous ont dit que le premier responsable de la SGP est en mission et qu'ils ne sont pas habilités de nous recevoir», a-t-il indiqué. Notre interlocuteur nous a précisé que «des responsables de la même SGP les ont reçus la semaine écoulée et qu'ils ont pris un engagement de transmettre leurs doléances aux responsables concernés». Par ailleurs, nous ignorons toujours l'état de santé des trois grévistes de la faim. Il est important de rappeler que les travailleurs poursuivent depuis début février leur action de protestation devant le siège de l'entreprise à Issers pour faire valoir leurs droits et faire entendre leur voix. Suite à la radicalisation du mouvement de protestation, notamment au lendemain de la tentative d'immolation de trois ouvriers, le conseil d'administration de Socothyd avait décidé de réintégrer 14 travailleurs dont leur sort a été pris en charge par les instances judiciaires qui avaient statué sur leur affaire et décidé leur réintégration en 2008. Concernant les autres travailleurs, l'administration refuse de les réintégrer avant que leur sort ne soit statué par la Cour suprême. Début mars, une délégation de la société civile, composée particulièrement de quelques notables et représentants d'associations des Issers, avait rencontré le PDG de Socothyd et discuté de l'affaire afin de trouver une solution aux revendications des travailleurs. Mais la médiation a échoué en raison de l'attitude de l'administration qui campait toujours sur ses positions, notamment de ne pas réintégrer les travailleurs dont l'affaire se trouve en examen au niveau des instances judiciaires. Au total, 25 travailleurs avaient été licenciés en 2006 suite au débrayage qui avait paralysé l'entreprise durant plus de 50 jours où l'entreprise avait enregistré plusieurs millions de dinars de pertes. Parmi les travailleurs licenciés, cinq d'entre eux ont été licenciés pour des affaires de droit commun. Notons que les protestataires avaient érigé deux tentes devant le siège de l'entreprise aux Issers et poursuivent leur protestation de jour comme de nuit pour attirer l'attention des responsables concernés et l'opinion publique.