Les familles des victimes du terrorisme (200 personnes environ) sont une nouvelle fois revenues à la charge et ont bravé hier l'impressionnant dispositif sécuritaire déployé autour du palais du gouvernement pour exiger un statut «qui consacrerait la sauvegarde de la mémoire collective et les intérêts moraux des victimes et ayants droit». Alors qu'elles tentaient de forcer le dispositif pour accéder au palais du gouvernement, plusieurs personnes ont été malmenées par la police. «Nous n'abdiquerons pas», criera une dame, les larmes aux yeux, qu'on venait de bousculer alors qu'elle tentait avec nombre d'autres victimes de bloquer la rue menant vers le rond-point en face du palais du gouvernement. En effet, les victimes et ayants droit venus de différentes wilayas (Relizane, Boumerdès, Médéa, Blida, Mostaganem…) qui affirment ne «pas quitter les lieux jusqu'à satisfaction de nos revendications», ont déjà investi les lieux la semaine dernière, où ils ont passé 4 jours, avant de quitter l'endroit, «pour revenir en force», fera remarquer une dame, visiblement décidée à se faire entendre. «Nous avons déposé notre plateforme de revendications le 20 mars à l'APN, le 27 au niveau de la présidence de la République et ici au niveau de la chefferie du gouvernement et aucune réponse ne nous a été donnée», regrette-t-elle avant de crier à l'endroit des policiers qui l'entouraient : «Nous irons jusqu'au bout. Nous ne partirons pas d'ici avant d'avoir une réponse claire à nos doléances.» Si certaines victimes nous ont affirmé qu'un rassemblement est d'ores et déjà décidé pour samedi devant l'Assemblée populaire nationale (APN), d'autres, plus prudents, adoptent un profil bas, se contentant d'affirmer que rien n'est encore décidé. Sofiane G., de Médéa, ex-membre de l'ONVT de Mme Flici dont le départ est «exigé par l'ensemble des victimes car elle est accusée de faire dans la division et le détournement de fonds», entre autres, nous affirmera qu'une décision sera prise mercredi. Une autre victime lancera : «Nous ne voulons que notre statut comme promis par le président de la République.» Ces familles qui promettent de rassembler encore plus de personnes «sous aucune chapelle associative», précisent-elles, réclament en effet la promulgation d'un statut de victimes «qui consacrerait la sauvegarde de la mémoire collective et les intérêts moraux des victimes et ayants droit», elles exigent également un statut de chahid pour les victimes du terrorisme décédées et celui d'invalides de guerre à ceux qui ont survécu, tout comme elles réclament l'instauration d'une instance étatique chargée des affaires des victimes. Une autre catégorie qui a payé fort le prix de la lutte antiterroriste, à savoir les groupes de légitime défense (GLD) et les patriotes vont faire leur «démonstration de force» dès aujourd'hui au niveau de la place des Martyrs pour dénoncer leur exclusion. Ils comptent y rester jusqu'à satisfaction pleine et entière de leur plateforme de revendications qu'ils vont tenter de remettre à Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation. Elles étaient déjà quelque centaines de personnes dans l'après-midi d'hier à y élire domicile, mais elles sont toutefois encadrées par les forces de sécurité. «Nous serons des milliers demain (aujourd'hui ndlr)», nous lancera un des protestataires.