Les victimes du terrorisme ne baissent pas les bras. Elles ont décidé de poursuivre leur action de protestation en organisant un autre sit-in demain devant le Palais du gouvernement. «Nous n'allons pas nous taire tant que les autorités ne daigneront pas répondre favorablement à nos revendications les plus légitimes», a clamé Mme Bendahou, une de ces milliers de victimes du terrorisme qui réclament leurs droits depuis des mois sans résultat. Si aucune suite n'est donnée à leur plateforme de revendications, transmise mercredi dernier au ministre de l'Intérieur et au Premier ministre, les protestataires menacent de radicaliser leur mouvement de protestation. Ainsi, il n'est pas exclu de recourir à l'occupation permanente des lieux du rassemblement. «Toutes les voies sont envisageables pour arriver à la satisfaction de notre plateforme de revendications. S'il faut rester devant le Palais du gouvernement, on le fera. Pour l'instant, nous nous échinons à mobiliser le maximum de familles pour le rassemblement du 10 avril», a précisé Mme Bendahou. Mercredi dernier, une délégation des protestataires a été reçue par des responsables du ministère de l'Intérieur et du Premier ministère. Cette délégation leur a remis leur plateforme de revendications forte de neuf points. Cette audience a été arrachée, faut-il le rappeler, au bout de cinq jours et de cinq nuits passés devant le Palais du gouvernement. La détermination, ce n'est donc pas ce qui risque de manquer aux protestataires. La revendication la plus en vue des victimes du terrorisme est la promulgation d'un statut spécifique qui permettra de classer comme «chouhada» les personnes assassinées durant la période du terrorisme et comme «invalides de guerre» les blessés. Les familles de victimes réclament, en outre, l'instauration d'une instance étatique, chargée des affaires des victimes du terrorisme, une institution qui ressemblerait au ministère des Moudjahidine. Tout comme elles demandent la construction d'un monument national à la mémoire des victimes. Un monument qui servira, souligne-t-on dans la plateforme de revendications, de lieu de recueillement lors des cérémonies officielles. Les victimes du terrorisme, dont le nombre reste à déterminer, demandent également l'édification de stèles sur les lieux des attentats à la bombe et dans les endroits où il y a eu des assassinats collectifs. Ils veulent, par ailleurs, qu'il y ait une journée nationale à la mémoire des victimes. Se considérant comme lésées par les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale promulguée en 2005 par le président Bouteflika, les familles des victimes du terrorisme, qui n'arrêtent pas de pleurer leurs proches, demandent à l'Etat d'œuvrer à «valoriser le sacrifice des citoyens sincères qui ont lutté par tous les moyens pour que l'Algérie reste debout». Dans leur plateforme de revendications, les protestataires soulignent la nécessité de glorifier les victimes du terrorisme en baptisant des villes, des quartiers, des rues et des établissements publics de noms de victimes ayant sacrifié leur vie pour le pays.