Les familles victimes du terrorisme ne comptent pas baisser les bras avant que leurs revendications ne soient entièrement satisfaites. Leur mouvement ne faiblit pas. Après avoir observé un rassemblement, la semaine dernière, devant le siège de la présidence de la République, les oubliés de la charte pour la paix et la réconciliation nationale ont repris, depuis deux jours, le chemin de la protestation. Une trentaine de personnes observent, depuis avant-hier, un sit-in devant le Palais du gouvernement. Déterminées et en colère, les familles victimes du terrorisme, venues de plusieurs régions du pays, notamment de Relizane, Blida, Médéa, Chlef, Mascara, Bouira et Alger, ont passé déjà leur première nuit devant le Palais du gouvernement et comptent y rester jusqu'à ce qu'elles arrachent tous leurs droits. «Nous resterons ici jour et nuit. On ne va pas quitter les lieux jusqu'à ce que notre revendication, qui est le statut particulier, soit prise en charge», affirment les protestataires. Côté Officiel, aucune réponse convaincante depuis deux jours. Les victimes du terrorisme, quant à elles, refusent d'être reçues par un conseiller de Ould Kablia et souhaitent parler directement au secrétaire général du gouvernement. Revenant à leurs conditions de vie, les protestataires affirment qu'ils vivent dans une précarité totale. Plusieurs familles victimes du terrorisme, n'ayant pas de quoi subvenir à leurs besoins, font la manche dans les rues et fouillent dans les poubelles des «bourgeois» à la recherche de quoi calmer leur faim. «Le chef de l'Etat nous a promis que le sang des martyrs ne partira pas en vain. Aujourd'hui, on veut dire à Bouteflika, où sont vos promesses et vos engagements, monsieur le Président ?» tonnent-ils. Une profonde déception. Les familles victimes du terrorisme ont dénoncé plusieurs associations et organisations qui prétendent défendre leurs droits, mais qui ne se soucient guère des victimes. Un vieil homme de 90 ans qui tient à peine sur ses pieds vient de Relizane réclamer ses droits et jure de ne pas quitter les lieux. «14 membres de ma famille ont été assassinés par les terroristes et personne ne veut m'écouter. Pourquoi continuent-ils à nous humilier ? Pourquoi cette hogra ? C'est notre droit et qu'ils nous le donnent», lâche tristement le vieil homme.