Un colonel des services de renseignements yéménites a été assassiné par des inconnus dans la région de Loder, dans le sud du Yémen, où des combats entre l'armée et des membres présumés d'Al Qaïda ont fait deux tués, ont indiqué hier des sources médicale et de sécurité. Des témoins ont indiqué que l'un des deux hommes armés circulant à moto a ouvert le feu samedi soir sur l'officier et son fils alors qu'ils étaient devant leur domicile à Loder, avant de prendre la fuite. Selon eux, les agresseurs font partie d'Al Qaïda, que des combats ont opposé à l'armée au cours des derniers mois à Loder, une localité de la province d'Abyane considérée comme un fief du réseau d'Oussama Ben Laden. Le fils de l'officier, Hussein Gharama, a également été blessé dans cet attentat, selon une source médicale. Par ailleurs, un soldat et un militant présumé d'Al Qaïda ont été tués dans les combats samedi dans la région proche de Joar, a indiqué une source des services de sécurité. Des unités de l'armée yéménite ont bombardé à l'arme lourde un refuge présumé d'Al Qaïda à Joar, après avoir demandé aux civils de quitter les lieux. Concernant les manifestations anti-régime, un manifestant yéménite touché par balle samedi a succombé hier à ses blessures à Taëz. Des dizaines d'autres ont été blessés dans cette ville épicentre de la contestation contre le président yéménite Ali Abdallah Saleh, ainsi que dans la capitale Sanaa. Les heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont duré une bonne partie de la nuit. Toujours à à Taëz, 43 manifestants ont été blessés par des tirs de la police, 29 par des coups de bâton et 580 autres ont été traités pour des inhalations de gaz, selon des sources médicales. Les forces de sécurité ont, selon des témoins, attaqué les manifestants réunis près de bureaux gouvernementaux. La manifestation, qui réunissait des milliers de personnes, visait à dénoncer les tirs des forces de l'ordre qui avaient fait la veille quatre morts et 116 blessés, selon des sources médicales. A Sanaa, 80 autres manifestants ont été soignés pour des blessures infligées par des coups de gourdin et de pierre. 1200 personnes ont été secourues après avoir inhalé des gaz lacrymogènes très puissants, selon le comité de protestation de la place de l'Université. Les policiers ont tiré à balles réelles et fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Aden, la plus grande ville du Sud, a été quant à elle paralysée par une grève de protestation contre le régime, à l'appel de la coordination des «Jeunes de la révolution du 16 février». Dans ce contexte tendu, les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devaient tenir une réunion hier à Riyad, selon un responsable du CCG qui a requis l'anonymat. Les pays du Golfe avaient offert leur médiation dans la crise yéménite, prévoyant le départ du président contesté. Les Etats-Unis ont apporté vendredi un soutien de taille au CCG, saluant son initiative et encourageant la mise en place d'un processus de transition politique. La réunion d'hier intervient alors que le Yémen a rappelé son ambassadeur à Doha, pour protester contre les déclarations du Premier ministre du Qatar, qui avait évoqué le départ de Saleh. Par ailleurs, le principal rival du président Saleh, le général Ali Mohsen Ahmar, a de son côté assuré ne pas avoir d'ambition politique. «L'armée sera à l'avenir sous les ordres des civils et je ne cherche personnellement aucun poste de pouvoir», a-t-il déclaré.