En cet après-midi de dimanche, soit 36 heures après l'attaque du camp de l'ANP érigé à la sortie est de la ville d'Azazga, non loin de l'hôpital Meghnem Lounès, tout semble être calme dans cette petite ville de la wilaya de Tizi Ouzou. Les gens vaquent à leurs occupations le plus normalement du monde. Les boutiques sont ouvertes, les gens font encore leurs emplettes, les cafés sont bondés de monde au même titre que les restaurants. Au centre-ville, ce sont les choses et les gestes de la vie quotidienne qui se poursuivent. Non loin de là, un peu plus au nord-est, à proximité du chantier de réalisation de l'évitement (rocade), le camp militaire attaqué ce jeudi soir. De nombreux habitants des Ghobri (région d'Azaga) nous ont fait part de leur sentiment de colère et d'étonnement suite à ce carnage, comme toutes les autres personnes interrogées à Tizi Ouzou. De l'hôpital, on peut voir le camp composé de tentes et de quelques roulottes. Pas possible de s'approcher ou de distinguer des dégâts ou des traces. Il est difficile de recueillir des témoignages. «Je n'en sais pas plus que vous», nous dira un jeune rencontré non loin de la structure hospitalière. D'autres, qui ont refusé de décliner leur identité, ont accepté de relater ce qu'ils savent des faits. «Il était 20 heures quand nous avons entendu des explosions suivies de tirs d'armes automatiques nourris. C'était le camp qui venait d'être attaqué par un important groupe armé dont le nombre dépasserait la quarantaine d'éléments», nous dit notre interlocuteur avant d'ajouter : «Il est clair que cette attaque a été soigneusement préparée. D'ailleurs, le groupe armé s'est scindé en deux groupes. Celui qui a encerclé et attaqué le cap et un autre qui s'est posté sur la RN12, vraisemblablement pour stopper tout renfort», dit-il encore, et de poursuivre : «Plusieurs automobilistes ont été bloqués au moment de l'attaque. Quant aux échanges de tirs, je peux vous dire qu'ils ont duré plus d'une heure.» Ceci témoigne de la violence de cette attaque, la plus meurtrière depuis plusieurs mois. «Personne n'a compris au juste ce qui se passait sur le moment. Ce n'est qu'après que nous avons réalisé que c'est le camp militaire qui était attaqué», précisera une autre personne d'un certain âge. Des renforts sont arrivés mais les terroristes avaient déjà pris la fuite et se sont engouffrés dans la forêt. Nous croyons savoir qu'ils ont accédé au camp et se seraient emparés d'une quantité d'armes et de munitions. Les secours se sont ensuite organisés et des hélicoptères sont arrivés pour évacuer les blessés et les morts. En tout cas, il était impossible de savoir ce qui se passait au juste dans le camp et s'aventurer dehors dans de telles circonstances n'était ni possible ni recommandé», précise-t-il avant d'enchaîner : «Quelques moments plus tard, c'est les hélicoptères de combat qui sont entrés en action. Toute cette partie de la forêt (il montre avec sa main le massif forestier de Yakourène situé vers le centre-est) a été soumise à des bombardements intensifs. C'était un déluge de feu». «Quels crimes ont commis ces militaires ?», s'est-il demandé. Questionné aussi sur ce que disent d'autres témoins, notre interlocuteur a indiqué que le corps du terroriste abattu a été aperçu vendredi matin pendant quelques minutes sur la RN12 avant d'être évacué par les militaires. «Je ne l'ai pas vu. Mais à en croire certaines personnes, son corps n'était pas déchiqueté. Ce qui nous fait dire qu'il a été abattu lors de la riposte des militaires», précisera cet homme. Dans tout Azazga, on essaie de se remettre de ce jeudi noir. Sur place, nous avons appris que le bilan de l'attaque s'est alourdi, mais il était impossible de confirmer cette information d'autant que les militaires blessés ont été évacués vers l'hôpital de Aïn Naâdja à Alger. Il en est de même pour l'information faisant état de l'élimination de six terroristes depuis le début de l'opération de ratissage enclenchée dans ce massif forestier qui fait jonction avec celui de l'Akfadou. En l'absence d'un bilan officiel, et avec le peu d'informations qui filtrent, il est très difficile de donner avec exactitude le bilan.