La commémoration du double anniversaire printanier s'est déroulée dans le calme et la sérénité. Tizi Ouzou a, pour la première fois depuis longtemps, commémoré dans le calme et la sérénité le double anniversaire printanier. Très tôt ce matin, les villes et commerces des villages ont ouvert normalement et la population a vaqué à ses occupations quotidiennes. Les services publics ont bel et bien fonctionné. Certes, quelques fonctionnaires ont profité de l'occasion pour déserter leurs postes, mais le service ne s'en était pas ressenti. L'APC, le Trésor, la poste, les banques et les autres services ont fonctionné normalement. Seuls les écoliers, collégiens et lycéens ont observé une pause pour la journée. A Tizi Ouzou-ville, les rues animées et pleines de monde, avec les villageois descendus aux emplettes, offraient le visage serein de tous les jours, les cafés et autres commerces ont ouvert leurs portes et rien n'annonçait un quelconque événement. Vers 10h, quelques dizaines de personnes commencent par se rassembler devant l'université à Hasnaoua. Les groupes se forment toujours dans le calme. On retrouve de nombreux étudiants et quelques délégués «antidialoguistes» ainsi que des militants du MAK et du RCD. Les banderoles sont déployées. On pouvait lire: «Ulac smah ulac» ou encore d'autres slogans, les uns demandant l'officialisation de tamazight, et les autres conspuant le pouvoir. Vers 11h, quatre carrés de marcheurs s'ébranlent. On était loin des grandioses marches d'antan, mais la même ferveur y était. A gorge déployée, les marcheurs scandent les slogans habituels et dans une ville toujours calme et sereine, les marcheurs traversent la rue principale pour arriver au niveau de la place de la mairie où ils se dispersent dans le calme. Seuls les bruits de pétards du Mouloud font du bruit dans les rues. Un peu plus tard, un autre groupe, avec à sa tête Belaïd Abrika et Khaled Guermah, arrive au niveau du carrefour du Djurdjura. Les deux procèdent à l'inauguration officielle en dévoilant la stèle au nom des «Martyrs du Printemps noir». Peu auparavant, la même cérémonie s'était déroulée au niveau de l'entrée ouest de la ville où était dévoilée la stèle commémorative portant le nom de Matoub Lounès. Dans la soirée, les archs, du moins l'aile drivée par Abrika, organisait un gala au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou. Enfin, l'on peut dire que pour cette double commémoration, le principal intéressé, la population, semble en fait avoir été le grand absent lors de ces festivités. Il est à souligner que ces manifestations plurielles se sont déroulées dans le calme et la sérénité. Les services de police se sont faits très discrets. Le stade Oukil-Ramdane n'a pas, lui aussi, attiré les foules, du moins en début d'après-midi. On signale également plusieurs défections parmi les artistes invités, dont Malika Domrane.