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«Nous sommes persuadés que notre environnement législatif et économique demeure un des plus attractifs»
Sid Ali Betata, président du comité de direction de l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 22 - 04 - 2011

Le domaine minier algérien est sous-exploité. Le développement de ce secteur si important dépend de la mise en place d'une stratégie efficace basée sur le partenariat gagnant-gagnant. L'apport des compagnies étrangères est plus qu'indispensable pour atteindre les objectifs escomptés.
Le président du comité de direction de l'Alnaft, Sid Ali Betata, revient sur le travail accompli par son agence et les nombreux défis qui se présentent à l'Algérie en matière de développement de l'énergie. Il nous dresse dans cet entretien un point de situation sur les actions menées dans le cadre de la nouvelle politique énergétique.
Le Temps d'Algérie : Des informations ont circulé sur l'intention de certaines compagnies pétrolières étrangères de se désengager de l'Algérie. On a évoqué le cas de British Petroleum (BP), Repsol, Gas natural, Anadarko, Shell. Confirmez-vous cette information ?
Sid Ali Betata : Je rassure et, sans aucun doute, qu'aucune des compagnies que vous avez citées ne s'est désengagée de l'Algérie.
Outre ces compagnies, il y en a bien d'autres qui continuent à manifester de l'intérêt pour les opportunités de recherche et d'exploitation des hydrocarbures qu'offre le domaine minier national. A ce jour, aucune des compagnies pétrolières qui opèrent en Algérie n'a notifié à Alnaft son intention de se désengager de l'Algérie.
Prenons l'exemple de BP, où la presse a rapporté l'intention de ce groupe de vendre ses actifs en Algérie pour des raisons liées à son besoin de disposer de plus de liquidité et de rentrées d'argent afin de faire face aux dommages qu'elle a subis après la catastrophe environnementale dans les eaux du golfe du Mexique.
Il ne s'agit nullement d'un désintérêt de BP de l'Algérie dans la mesure où les causes à l'origine de cette décision sont tout à fait exogènes à l'environnement économique de notre pays. La preuve est que BP est revenue, peu après, sur sa décision.
Deux facteurs majeurs ont été à l'origine du revirement de situation. Il s'agit du fait que le groupe s'est rendu compte qu'il n'avait plus besoin d'autant de liquidités qu'il pensait et de l'annonce faite par le gouvernement algérien sur le développement du potentiel important de gaz non conventionnel.
C'est ainsi que BP, un partenaire historique de l'Algérie, a décidé de rester pour longtemps afin de participer à ce challenge. Alnaft poursuit ses efforts dans l'application de la politique énergétique du pays en matière d'hydrocarbures qui intègre le partenariat considéré comme un des axes importants du développement du secteur.
On a évoqué le cas de BP, mais qu'en est-il d'Anadarko ?
La compagnie travaille le plus normalement du monde. Nous avons approuvé le plan de développement du projet Al mark en 2007 et, là, la compagnie est en train de le mettre en œuvre. Il y a eu un problème commercial avec Sonatrach. Mais jusqu'à ce moment, nous n'avons eu aucun problème avec eux.
Quel a été l'impact des nouvelles décisions prises par les pouvoirs publics, notamment l'introduction de la règle de partenariat 51-49% et de la taxe sur les profits exceptionnels (TPE) sur la présence des étrangers dans le secteur pétrolier ?
Les investissements dans le secteur énergétique sont régis par la loi 05-07 relative aux hydrocarbures. La règle 51-49% a toujours été appliquée dans les investissements en hydrocarbures que ce soit dans l'ancienne loi 86-14 ou la nouvelle loi 05-07.
J'expose notre vision de la situation en restituant la conjoncture économique actuelle. Le monde vient de traverser une crise financière mondiale dont la reprise tant annoncée tarde à venir. La demande mondiale notamment pour le gaz naturel a chuté. Certains pays de la région comme la Grèce et le Portugal connaissent de graves difficultés.
Dans ce contexte, comment voulez-vous que des compagnies étrangères, notamment celles qui recherchent le gaz, puissent s'engager à acquérir encore des réserves et donc des productions futures qu'elles risquent de ne pas pouvoir placer sur les marchés de proximité ? Les études effectuées par des experts montrent que la bulle gazière ne durera que de 2 à 3 années.
Nous sommes confiants pour l'avenir et persuadés que notre environnement législatif et économique demeure un des plus attractifs, d'autant que le sol algérien est encore sous- exploité, ce qui suppose des efforts supplémentaires à fournir.
L'autre élément que je veux signaler est le nombre de compagnies qui ont déposé et déposent leurs dossiers de pré-qualification estimé à 91 dossiers.
Nous avons pré-qualifié 89 compagnies ne répondant pas aux critères et conditions fixées par la loi pour l'intervention dans le domaine minier. Les compagnies disqualifiées ne peuvent pas intervenir en qualité d'investisseurs mais pourront se constituer en consortium avec d'autres compagnies pré qualifiées.
Nous avons eu des participations de tous les continents et beaucoup de nouvelles compagnies de l'Indonésie, la Roumanie, le Japon et des pays du Golfe en plus des compagnies traditionnelles. Ceci démontre l'intérêt de ces compagnies à opérer en Algérie dès que la conjoncture économique mondiale montrera des signes tangibles d'une reprise durable.
En ce qui concerne la taxe de superprofits, il faut savoir que cette taxe ne concerne nullement les nouveaux contrats signés depuis la promulgation de la loi 05-07 sur les hydrocarbures.
L'article 101 bis de cette loi définit clairement les conditions et les domaines d'application de cette taxe qui concerne uniquement et exclusivement les contrats d'association conclus dans le cadre de l'ancienne loi 86-14.
Vous avez avancé que le champ minier est sous-exploité. Quel est son état actuel ?
Le domaine minier national est constitué de 1,5 million km⊃2; dont environ 45% est couvert par des contrats que ce soit pour la recherche ou l'exploitation.
Actuellement, nous avons plus de 150 gisements. Ceci montre clairement que plus de moitié de ce vaste champ reste à explorer et beaucoup de choses restent à faire, que ce soit pour les hydrocarbures conventionnels ou non conventionnels. Il y a un boom actuellement aux Etats-Unis d'Amérique pour le non conventionnel et l'Algérie met les moyens pour le développement de ce segment.
Pour attirer plus d'investisseurs, quel est le plan d'action entrepris par Alnaft ?
L'une des principales et importantes tâches d'Alnaft consiste à mettre en place une stratégie et des procédures permettant, entre autres, d'attirer les investisseurs étrangers dans le domaine de la recherche et l'exploitation surtout que la stratégie en question est fondée sur la coopération, la diversification des volumes des échanges des expériences et le transfert technologique.
Plusieurs actions sont entreprises par Alnaft dont le lancement chaque année d'un appel à manifestation d'intérêt afin de permettre aux compagnies étrangères de présenter leurs dossiers à la pré-qualification avant de participer à l'appel à la concurrence lancée par Alnaft.
Toutes les compagnies ayant prouvé leur expérience et compétence technique et financière se voient délivrer une attestation de pré-qualification en qualité d'opérateur investisseur. Pour celles n'ayant pas d'expérience dans les opérations de recherche et d'exploitation, mais disposant d'une bonne capacité financière, on leur accorde le statut d'investisseur non opérateur.
Nous instaurons un contact permanent et régulier avec tous les opérateurs activant en Algérie et ceux ayant déposé un dossier de pré-qualification pour leur fournir des clarifications et éclaircissements sur les aspects de la loi et des textes réglementaires, aux appels d'offre et contrats.
Notre travail consiste à les assister et à répondre à toutes leurs interrogations, qu'à les orienter vers toutes les administrations centrales ou locales pour les autorisations et l'ouverture de succursales ainsi qu'à écouter leurs doléances et surtout les prenant en charge. On explique, lors de rencontres, nos attentes de ces compagnies et on leur explique les différentes réglementations régissant les activités.
Ce contact permanent nous a permis d'améliorer les procédures d'appel d'offres en permettant, entre autres, l'accès à 100% des données disponibles sur un périmètre alors que ces compagnies n'avaient accès qu'à 50% des données seulement.
Cela leur permet d'avoir une meilleure évaluation du potentiel du périmètre. Nous essayons de capter les intérêts de ces compagnies et savoir quels seraient les périmètres intéressants pour eux et qu'ils souhaitent consulter pour un éventuel investissement.
Depuis l'installation d'Alnaft en 2005 par le chef du gouvernement, nous avons poursuivi le parachèvement de la mise en place d'une organisation adéquate qui nous permet de mener et d'assumer nos missions et prérogatives, et contribué, avec les services du ministère de l'énergie, à l'élaboration et à la finalisation des textes d'application de la loi 05-07,
suivi les travaux dans le cadre de la régularisation des activités d'hydrocarbures existantes nées de la mise en conformité avec les dispositions transitoires de la loi 05-07 (contrats parallèles et contrats 100% Sonatrach). Il faut savoir que la régularisation des activités et la transition des données entre l'ancienne et la nouvelle loi nécessitent énormément de temps et d'efforts fournis aussi bien par Alnaft que par Sonatrach.
Nous avons lancé et organisé trois appels à la concurrence et assuré le suivi des projets octroyés à l'issue des deux premiers appels notamment en ce qui concerne le respect des programmes et les engagements contractuels des compagnies.
Nous assumons toutes nos missions actuelles concernant l'approbation du plan de développement car il faut savoir qu'aucune compagnie ne peut développer et exploiter un gisement que si Alnaft approuve le plan de développement. Il faut savoir que nous sommes en train de construire une banque de données nationales qui va regrouper l'ensemble des données nationales concernant les activités de l'hydrocarbure.
Quelles sont vos projections pour l'avenir en matière de recherche et d'exploitation des hydrocarbures ?
Alnaft agit et s'inscrit dans le cadre de la politique énergétique nationale en matière d'hydrocarbures. Il y a nécessité d'intensifier les travaux de recherche et d'exploitation des hydrocarbures comme cela a été souligné, à maintes reprises,
par le premier responsable du secteur, surtout que le champ minier est largement sous-exploité. Nous sommes loin des normes internationales en la matière puisque la moyenne de densité mondiale de forage est de 100 puits par 10 000 km⊃2;.
Aux USA, elle est de 500 puits par 10 000 km⊃2;, en Algérie, elle est entre 10 et 12 puits par 10 000 km⊃2;, ce qui vous donne une idée sur l'effort qu'il reste à déployer en la matière.
La priorité d'Alnaft sera donc orientée à l'intensification des travaux de recherche et d'exploration pour réaliser de nouvelles découvertes et renouveler les réserves de l'Algérie pour contribuer à l'approvisionnement du marché mondial et national en énergie.
Il existe une réflexion déjà engagée pour mener des études et des évaluations du potentiel en gaz non conventionnel des bassins de l'Algérie. Un segment déjà exploité aux USA et au stade d'évaluation et d'étude dans d'autres pays.
Il y a nécessité de faire l'étude économique et d'impact sur l'environnement en mettant les moyens nécessaires tant à travers Sonatrach qu'à travers le partenariat, qui reste un axe principal de notre stratégie.
Entretien réalisé par Nouria Bourihane


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