Les réformes annoncées par le président de la République continuent de susciter des réactions de la part de la classe politique à mesure que les mécanismes de leur concrétisation sur le terrain se dessinent. Le secrétaire général du mouvement Ennahda, Fateh Rebaï, a exprimé hier les craintes de son mouvement de voir ces réformes détournées de par la précipitation de «certaines parties», allusion faite au FLN et au RND, qui veulent les vider de leur substance. «Cela est d'autant plus vrai que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales vient d'installer des commissions pour la concrétisation de ces réformes, sans consulter les partis politiques», a justifié Rebaï, qui s'exprimait hier en marge du forum de la jeunesse du mouvement Ennahda, tenu au siège du parti à Alger, qui craint aussi que ces réformes ne soient pas traduites fidèlement sur le terrain. «Il n'y a aucun indicateur que les réformes soient concrétisées de manière transparente», déplore le chef du file du mouvement Ennahda, qui regrette dans la foulée que le discours du président de la République n'ait pas explicité les mécanismes à même de concrétiser les réformes annoncées, ni donné de délais précis à cet effet. Fateh Rebaï a dans ce même contexte emboîté le pas à Louisa Hanoune, qui accusait les partis de l'Alliance présidentielle d'exercer des pressions sur le Président afin «d'imposer leur vision des réformes». Fateh Rebaï n'a pas écarté cette possibilité, arguant que «les partis qui ont cultivé la corruption et bénéficié de quotas au Parlement vont tenter de faire face à toute réforme radicale de nature à mettre en cause leurs intérêts». Les réformes annoncées par le président de la République doivent, selon le leader islamiste, consacrer la volonté du peuple, «qui aspire à vivre dans un Etat de droit, de libertés et de démocratie». Tout en n'écartant pas la possibilité de participer «avec d'autres partis qui épousent nos idées et avec lesquels nous sommes en concertation», à la composante des «ateliers de travail chargés de concrétiser les réformes», Fateh Rebaï refuse, par contre, que le gouvernement actuel, «dont la dissolution est une revendication populaire», chapeaute l'opération, «surtout la révision de la Constitution, car le gouvernement actuel ainsi que le Parlement ont perdu toute légitimité». Le mouvement Ennahda, qui estime par la voix de son secrétaire général qu'«il est temps de laisser la place au jeunes», s'est enfin dit prêt, «avec d'autres formations politiques», à s'opposer «par tous les moyens légaux et pacifiques» à toute tentative de vouloir détourner les réformes à des fins partisanes.