«Nous avons convenu qu'il n'existe pas d'autre solution à la crise libyenne en dehors de la politique», a déclaré hier Mourad Medelci à propos de l'entretien téléphonique avec le ministre français des A.E., ajoutant que l'Algérie soutient cette démarche autour de laquelle il y a un consensus général. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, est revenu hier de manière plus détaillée sur le contenu de l'entretien téléphonique qu'il a eu lundi dernier avec son homologue français Alain Juppé, traitant essentiellement des relations bilatérales entre Alger et Paris, de la crise libyenne et des accusations portées à l'encontre de l'Algérie par le Conseil de transition libyen (CNT) en conflit avec le régime de Mouammar Kadhafi : «En réalité, la discussion avec M. Juppé a porté essentiellement sur les relations bilatérales, et nous avons observé qu'il y avait des avancées, en particulier sur le plan de la mise en place d'un partenariat industriel, à la fois ambitieux et équilibré», a souligné Mourad Medelci qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne III. Il enchaîne sur les propos échangés sur la situation qui prévaut en Libye. A ce sujet, il fera part d'une convergence de visions entre lui et le chef de la diplomatie française sur la nature de la solution à mettre en œuvre pour résoudre la crise libyenne. «Avec Alain Juppé, nous avons convenu qu'il n'existe pas d'autre solution en dehors de la politique», a-t-il déclaré, ajoutant que l'Algérie soutient «la solution politique, sur laquelle il y a un consensus général», précisant que cette solution doit intervenir «après un cessez-le-feu et après la mise en place d'un mécanisme de respect de ce cessez-le-feu». Il a rappelé aussi que «cette solution africaine a connu une avancée avec le déplacement d'un panel de cinq chefs d'Etat (à Tripoli et Benghazi) qui a eu des contacts avec les deux parties libyennes». L'Algérie «ne perd pas espoir quant à voir la solution politique s'imposer comme étant la seule voie portée par les libyens eux-mêmes», a encore insisté l'invité la Radio algérienne. S'agissant des accusations du CNT libyen, selon lesquelles l'Algérie a exercé une activité de mercenariat en Libye et a soutenu le régime de Kadhafi, Mourad Medelci, tout en rappelant «les démentis les plus clairs» formulés par son département, mettra l'accent sur le fait que son homologue français place ses accusations sous le sceau de «rumeurs farfelues». Plus explicite, le chef de la diplomatie algérienne a qualifié l'accusation du CNT libyen de «manœuvres dilatoires basées sur des agendas qui n'ont rien à voir avec l'affaire libyenne». Des accusations, précise encore M. Medelci, qui «sont plus anciennes que la crise en Libye, cela est très clairs. D'autre part et au sujet des préoccupations de l'Algérie quant au risque d'un développement de l'activité terroriste du fait de la persistance de la crise libyenne, le chef de la diplomatie a estimé que «ce risque n'est pas exagéré», arguant que «ce qui ce qui se passe en Libye peut avoir des conséquences sur la région». «La situation libyenne pourrait aider au développement du terrorisme», a-t-il souligné. Existe-t-il un lien entre la crise libyenne et les derniers attentats terroristes perpétrés récemment par la nébuleuse Al Qaïda dans la localité d'Azazga et de Boumerdès ? «Je ne l'exclus pas, mais je ne le confirme pas», a-t-il répondu. «Les relations avec la France ne sont pas tendues» Au chapitre des relations algéro-françaises, Mourad Medelci a affirmé que les rapports qu'entretiennent les deux pays «ne sont pas tendus» et cela même «si les deux pays ont des approches différentes sur certains dossiers». S'agissant de l'état des relations entre l'Algérie et l'Union européenne (UE), il a annoncé la visite du commissaire européen Stéphan Füle, attendu à Alger à la mi-mai. Toutefois, le ministre des Affaires étrangères a déploré l'existence «d'un frein au niveau de l'attribution des visas» par l'UE aux Algériens. L'ouverture des frontières avec le Maroc n'est pas exclue Au chapitre des relations bilatérales avec le Maroc, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que l'Algérie «n'a jamais exclu l'ouverture des frontières avec le Maroc». Il expliquera que cette ouverture reste tributaire du développement de la coopération entre l'Algérie et le Maroc dans des secteurs qu'il a qualifiés de «sensibles» et qui sont l'agriculture, l'éducation ainsi que le domaine de l'énergie. S'agissant de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), M. Medelci a indiqué que cette instance «ne fonctionne pas comme nous le souhaitons». Et d'ajouter : «L'UMA aurait pu mieux avancer si nos visions politiques étaient communes sur certaines questions, notamment la question du Sahara occidental». Pour ce qui est de la Ligue des Etats arabes, l'invité de la chaîne III a regretté que «cette institution soit polluée par le politique», en précisant que «l'Algérie ne soutient pour l'heure aucun candidat pour la succession à Amr Moussa».