Après un dimanche marqué par de violents combats à Misrata, malgré l'annonce par le régime de Tripoli d'une pause dans ses opérations contre les opposants, un raid aérien de l'Otan a détruit hier matin le bureau du colonel Kadhafi, sis à Bab El Azizia. uarante-cinq personnes ont été blessées, quinze sont dans un état critique, selon un responsable libyen accompagnant les journalistes sur le lieu de l'attaque. «Il s'agit d'une tentative d'assassinat du colonel Kadhafi», a-t-il accusé et affirmant ne pas savoir s'il y avait d'autres victimes sous les décombres. «Nous n'abandonnons pas (…) Nous n'avons pas peur», a clamé le fils de Kadhafi, Seïf Al Islam. Ce raid n'ayant pas été commenté par les coalisés, tout laisse penser que ceux-là cherchent à maintenir une forte pression psychologique autour de Kadhafi et de son proche entourage avec l'objectif de réussir l'implosion à laquelle songent les Occidentaux depuis le début du conflit. Dans la nuit, la capitale libyenne avait été secouée par de fortes explosions, ressenties peu après minuit tandis que des avions de la coalition continuaient de survoler la ville, cible depuis vendredi de raids intensifs de l'Otan, promis par Nicolas Sarkozy au président du Conseil national de transition, lors de son récent passage à Paris. A Misrata, hier matin, le calme semblait régner après une journée et une nuit marquées par de violents combats. Dimanche, ces combats intenses ont fait au moins 28 morts et une centaine de blessés. Dans la nuit, des tirs d'artillerie ont touché la ville pendant plusieurs heures, provoquant des explosions plus violentes que d'habitude, tombant sur des habitations au hasard. Selon des sources médicales, au moins une douzaine de civils, dont des enfants, ont été tuées dans ces bombardements nocturnes. Hier matin, les rues de la ville étaient quasiment désertes, et de nombreux bâtiments présentaient des impacts de balles et de roquettes. Une centaine de soldats des forces gouvernementales étaient toujours encerclés dans un bâtiment au bout de la rue Tripoli, en grande partie libérée. D'autres poches de soldats loyalistes continuent de combattre ailleurs dans la ville. La nette avancée des rebelles a permis de libérer des habitants enfermés chez eux depuis parfois plusieurs dizaines de jours, à cause des snipers qui abattaient tous ceux qui tentaient de sortir. A Zenten, au sud-ouest de Tripoli, l'armée gouvernementale a tiré des roquettes Grad faisant quatre morts et neuf blessés, selon des habitants. D'après eux, «entre six et huit» roquettes sont tombées dimanche soir sur des habitations. Par ailleurs, des combats étaient en cours hier à Al Harabah, à 25 km à l'est de Nalout, avec pour enjeu la route reliant Nalout à Zenten, toujours selon des habitants. Depuis plusieurs jours, les habitants signalent une recrudescence des combats dans la région de Zenten, avec des tentatives des forces loyalistes de couper les communications entre les localités de cette zone montagneuse qui s'est soulevée dès le début de la révolte contre le régime à la mi-février. La zone s'étend sur plus de 150 km entre Yefren à l'est et Nalout à l'ouest, non loin de la frontière tunisienne, où les rebelles ont pris jeudi l'un des principaux postes-frontières. Des frappes aériennes ont été menées hier matin près d'Al Ruhaybat, à 15 km à l'est de Nalout. L'Otan avait déjà mené vendredi soir des raids sur la région de Zenten, selon l'agence du gouvernement libyen Jana, qui avait fait état de deux morts et trois blessés. Dans l'Ouest, les forces loyales au colonel Kadhafi ont bombardé des zones proches du poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, pour tenter de reprendre la ville de Wazzan. Sur le plan diplomatique, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a annoncé qu'il se rendrait prochainement à Benghazi, pour inaugurer un consulat. Le Koweït a pour sa part accordé une aide financière de 50 millions de dinars (180 millions USD) à la rébellion, selon le président du CNT, en visite à Koweït. A Rome, lors de la traditionnelle bénédiction de Pâques, le pape Benoît XVI a affirmé que «la diplomatie et le dialogue devaient prendre la place des armes» en Libye. Aux Etats-Unis et dès son retour de Benghazi, le sénateur américain John McCain a appelé les Etats-Unis à intensifier leurs frappes aériennes en Libye, faisant valoir qu'une impasse militaire prolongée tournerait à l'avantage d'Al Qaïda.