Après avoir repris les villes stratégiques d'Adjedabia et de Mersa El Brega dans l'est de la Libye, les opposants au régime de Kadhafi avancent rapidement vers l'ouest sous couverture aérienne de la coalition. Ils sont arrivés hier à Oukaïla et ont même repris le terminal pétrolier de Ras Lanouf, tombé aux forces loyalistes le 12 mars dernier, et la ville de Ben Jawad, se rapprochant de Syrte, la ville natale des Kadhafi. La veille, la coalition internationale avait mené des raids aériens intensifs contre les troupes de Kadhafi sur les 400 km de route menant d'Adjedabia à Syrte, afin de leur ouvrir la voie. L'état-major de l'armée a annoncé que les avions de chasse français avaient détruit pas moins de cinq avions et deux hélicoptères des forces loyalistes «qui se préparaient à mener des opérations dans la région» de Misrata (à 200 km à l'est de Tripoli). Selon le Pentagone, les avions de la coalition ont effectué 160 sorties samedi, contre 153 vendredi. Ce qui a laissé dire à un porte-parole de l'opposition, à partir de Benghazi, que les forces fidèles au colonel étaient maintenant «sur la défensive». «Elles n'ont plus de puissance aérienne ni d'armes lourdes», après une semaine d'attaques aériennes menées par la coalition, a-t-il dit. Il y aurait par ailleurs des «défections» parmi les proches de Kadhafi, selon Hillary Clinton et Robert Gates, respectivement à la tête de la diplomatie et de la défense américaines. C'est dire que l'actuelle position des troupes de Kadhafi ne serait pas liée à une quelconque adhésion du régime de Tripoli à la proposition de l'Union africaine qui réclame la fin des opérations militaires libyennes. Sinon, comment expliquer le fait que les forces de Mouammar Kadhafi ont à nouveau pilonné Misrata et n'ont cessé leurs tirs que lorsque sont apparus des avions de la coalition ? Ignorant le bilan des victimes civiles, depuis le début de la crise, le régime libyen a continué d'accuser la coalition de faire des morts parmi les populations civiles. Au moins 114 personnes ont été tuées et 445 blessées, selon le ministère libyen de la Santé. En réponse à ces graves charges, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a accusé à son tour les forces du colonel Kadhafi de disposer les corps de leurs victimes sur des sites bombardés par la coalition pour faire croire qu'il s'agit de civils tués par les alliés. Ce ne serait pas le seul mensonge du régime de Tripoli. Des soldats libyens blessés et faits prisonniers disent avoir été dupés par le colonel Mouammar Kadhafi. Ils ont raconté leur étonnement d'avoir découvert que l'ennemi ne ressemblait pas aux terroristes d'Al Qaïda, aux agents israéliens du Mossad ou aux mercenaires étrangers. Par ailleurs, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a affirmé que l'Otan va prendre le commandement de toutes les opérations militaires en Libye que conduirait désormais un général canadien. Parallèlement, des efforts sont toujours déployés pour trouver une solution diplomatique au conflit et ce, en vue d'une réunion cruciale mardi à Londres à laquelle prendront part le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon et le Premier ministre qatari Hamad Ben Jassem. Entre-temps, des sources européennes ont indiqué qu'il se pourrait que l'UE accède à la demande de l'Union africaine de débloquer des fonds pour faciliter la conclusion d'un accord mettant fin aux hostilités en Libye. L'Union africaine, dont la Libye est jusqu'à présent l'un des principaux bailleurs de fonds, aurait besoin de 260 000 euros pour mener à bien sa mission de bons offices. Aura-t-elle lieu alors que les autorités de Rome se déclarent convaincues que seul l'exil de Kadhafi pourrait remettre de l'ordre ?